« Les élites n’en ont rien à faire de nous, les gens modestes »

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Dans le nord-est du royaume, en Isan, l’opposition mobilise les paysans et les classes populaires contre la junte, avant les élections législatives du 24 mars.

Par Bruno Philip Publié aujourd’hui à 11h13

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Des paysans assistent à un rassemblement du parti d’opposition Pheu Thai, le 20 février, à Ayutthaya.
Des paysans assistent à un rassemblement du parti d’opposition Pheu Thai, le 20 février, à Ayutthaya. PANUMAS SANGUANWONG / AFP

« J’espère bien que ces élections vont permettre le retour à la démocratie » : chapeau vert et veste parme, Nok, une paysanne d’âge mûr, a osé braver la chaleur féroce et faire les quarante kilomètres de trajet depuis son village jusqu’au champ de courses de Khon Kaen, chef-lieu de l’une des vingt provinces de ce Nord-Est thaïlandais qui est le bastion des opposants à la junte militaire au pouvoir.

Entourée de plusieurs amies du même âge, elle vient de descendre de la vieille camionnette qui les a amenées jusqu’ici. Ces dames ne sont pas les seules, si l’on en juge par le gigantesque embouteillage qui s’est formé depuis la route nationale. Sur l’estrade installée devant les gradins, les candidats du parti Pheu Thai (« Pour les Thaïlandais »), la grande formation de l’opposition, s’apprêtent à fustiger les militaires devant plusieurs dizaines de milliers de partisans.

« Cette élection va consister en une confrontation entre les partisans de la démocratie et ceux de la junte militaire »

A l’approche des élections législatives du 24 mars, les premières depuis le coup d’Etat du 22 mai 2014, une rare frénésie s’est emparée de ce royaume qui subit depuis cinq ans la poigne des généraux. Un récent sondage montre que 97 % des personnes interrogées iront voter. Même si beaucoup déposeront leurs bulletins dans l’urne sans trop d’illusions : seuls 19 % des sondés pensent que les résultats du scrutin ne seront pas faussés par la fraude et les « achats de vote » – comme c’est le cas à chaque élection.

Le rassemblement de Khon Kaen est représentatif d’une Thaïlande aux préoccupations bien éloignées de celles de beaucoup d’habitants de Bangkok, que les gens des campagnes perçoivent comme pleins de morgue à leur égard. « Les élites n’en ont rien à faire de nous, les gens modestes », constate Nok, la dame au chapeau vert. Et sur le champ de courses, c’est la Thaïlande d’en bas qui reprend en chœur les slogans du Pheu Thai, ce dernier rassemblant ici les foules en terrain conquis. La démographie atteste de l’importance de l’Isan, la région nord-est du pays : 22 des 69 millions de Thaïlandais y vivent.

Le pays le plus inégalitaire

Cette Thaïlande-là, aux confins du Laos, est à la peine sur ces terres aigres, aux rendements agricoles plus faibles qu’ailleurs ; une Thaïlande à la peau cuivrée sous le soleil, dont la couleur contraste fortement avec la pâleur des Sino-Thaïlandais de la capitale qui ont fait main basse sur l’économie depuis des lustres. Les disparités sociales, enjeu majeur du scrutin, sont illustrées par une étude publiée en 2018 par les analystes financiers du Credit Suisse : la Thaïlande est désormais le pays le plus inégalitaire du monde, devant la Russie et la Turquie. 1 % de la population détient 66,9 % de la richesse du pays.

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