Haïti désarmé face au risque d’une catastrophe due au coronavirus

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Des habitants de Port-au-Prince, Haiti, le 23 mars.
Des habitants de Port-au-Prince, Haiti, le 23 mars. DIEU NALIO CHERY / AP

Officiellement, Haïti recense à ce jour six personnes contaminées par le coronavirus. D’un point de vue strictement comptable, c’est peu. Mais pour un Etat comme Haïti, un des plus pauvres de la planète, un des plus densément peuplés aussi et dont le système de santé est en chute libre depuis des années, c’est déjà beaucoup trop. Six patients éparpillés sur le territoire, on le sait, en annoncent d’autres et pourraient rapidement plonger toute l’île et ses onze millions d’habitants dans une nouvelle catastrophe sanitaire.

La première personne contaminée par le virus, un artiste haïtien âgé de 32 ans ayant séjourné en France, a été signalée par les autorités jeudi 19 mars, à Port-au-Prince. Elle a été suivie d’un second cas, quelques instants plus tard, dans le département de l’Artibonite, un directeur d’orphelinat d’origine belge âgé de 63 ans. Lui aussi de retour d’un voyage en Europe.

Le président, Jovenel Moïse, a annoncé immédiatement des mesures draconiennes pour contenir la propagation de la pandémie. Il a décrété l’état d’urgence sanitaire, enjoint les habitants de rester chez eux ou de limiter leurs déplacements au strict nécessaire, imposé un couvre-feu de 20 heures à 5 heures du matin pendant un mois, l’interdiction également de rassemblements de plus de dix personnes et la fermeture des écoles et des universités, des ports et aéroports, des lieux de culte et des usines.

Dans son allocution télévisée, l’homme d’affaires, élu en 2017 à la suite d’élections controversées, a aussi appelé la population au calme, donnant la garantie que l’Etat sanctionnera tous ceux qui ne respecteront pas les consignes.

Mouvement de panique

Un homme se lave les mains à la sortie d’une église le 15 mars à Port-au-Prince.
Un homme se lave les mains à la sortie d’une église le 15 mars à Port-au-Prince. ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS

Le ton a d’abord surpris. « En écoutant le président Moïse, écrit le journaliste Jean Pharès Jérôme dans le quotidien Le Nouvelliste, on a l’impression que l’Etat haïtien a retrouvé son autorité à la faveur de l’arrivée du coronavirus dans le pays. » Une allusion aux mois de violences et de blocages, de Peyi lok (« pays bloqué »), comme on dit ici, qui ont paralysé le pays en 2019, à la suite de plusieurs mouvements de protestation contre la misère et la corruption des dirigeants.

Lire aussi En Haïti, les violences sont le « prolongement de troubles politiques qui remontent à 2018 »

Un mouvement de panique a suivi l’adresse du président. Les habitants sont sortis précipitamment pour faire des provisions dans la soirée. Encore le lendemain, les gens ont envahi les supermarchés, les stations d’essence, les échoppes de distributeurs de gaz et les banques commerciales. La panique était visible dans plusieurs zones de la capitale. Et puis plus rien, ou presque. L’ordinaire a repris ses droits, mais avec la peur au ventre.

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