l’arrivée du coronavirus provoque la sidération dans un township de Johannesburg

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Un habitant du township de Diepsloot récupère des déchets pour gagner un peu d’argent, le 21 mars à Johannesburg.
Un habitant du township de Diepsloot récupère des déchets pour gagner un peu d’argent, le 21 mars à Johannesburg. MICHELE SPATARI / AFP

« Mais comment on va manger ? » Dans ces mots, il n’y a plus de colère mais une sidération. Comme s’ils réalisaient en le disant que, cette fois, l’heure est grave. Les habitants du township de Diepsloot, l’un des plus densément peuplés de Johannesburg, se demandent comment ils vont passer les trois semaines à venir. Et à cette question, personne n’a de réponse.

Au lendemain de l’annonce d’un confinement de la population sud-africaine pendant vingt et un jours afin de contenir l’épidémie de coronavirus, Diepsloot semble en état de choc. Nombreux étaient ceux qui n’avaient pas encore eu connaissance de cette interdiction de sortir à compter du jeudi 26 mars à minuit. La nouvelle ne semble pas encore avoir fait le tour du township et de ses quelque 200 000 habitants, très calme encore ce mardi matin. Comme si cette histoire était bien trop énorme pour être vraie.

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Quand on explique la situation à Tumi, il peine d’ailleurs à y croire : « Vous croyez qu’ils vont vraiment faire ça ? On n’aura plus le droit de sortir ? » Tumi Mabunda, 26 ans, est sans abri. Il survit en jouant les rabatteurs pour les taxis collectifs, 2 rands par client (11 cts d’euros). Debout dans sa petite épicerie, John le regarde et lui propose de dormir là. Lui aussi a parlé dans un murmure. Et quand on leur explique que le président Cyril Ramaphosa a annoncé l’ouverture de foyers pour les sans-abri, Tumi répond que « si c’est vrai, c’est une bonne nouvelle, parce que la nourriture va être un problème ».

« Le corona, c’est pour les Blancs »

Un peu plus loin, Tumelo, qu’ici tout le monde surnomme « Disaster », en haillons, trimbale un grand sac rempli de bouteilles plastiques et une bassine. En chemin pour la recyclerie, il gagne sa vie au jour le jour en revendant des déchets. Pour son dîner, il ne lui reste qu’une miche de pain, et rien dans les poches pour en acheter une autre. « Ils veulent qu’on se mette à voler, c’est ça ? Parce que c’est ce qui va se passer. J’essaye de gagner ma vie honnêtement, d’être civilisé, mais s’ils m’enlèvent cette possibilité, je fais quoi ? »

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Le gouvernement a bien annoncé des aides pour soutenir les travailleurs informels comme lui ; mais sans donner, pour l’instant, plus de détails. Comme le reste des habitants interrogés, Tumelo ne compte pas dessus : « Le problème, c’est que le président et tous les autres ne comprennent pas comment on vit. On vit en dessous du seuil de pauvreté, je ne peux pas me permettre de me reposer sur des promesses, je ne peux même pas attendre deux heures. Moi je vis là, maintenant, grâce à ces trucs dans mon sac. Et maintenant, il est 10 heures du matin et j’ai déjà faim. »

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