« Nous sommes tous des migrants contrariés »

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A la frontière entre l’Allemagne et la Pologne, le 17 mars 2020.
A la frontière entre l’Allemagne et la Pologne, le 17 mars 2020. AXEL SCHMIDT / REUTERS

Chronique. Jusqu’à la crise du coronavirus, la liberté de franchir librement les frontières, de sillonner sans contrainte la planète, était l’apanage des ressortissants des pays riches. Un passeport français vous ouvrait la porte de la plupart des pays du monde, pas un passeport indien ou malien.

Le verrouillage transatlantique imposé unilatéralement par Donald Trump, le retour désordonné des contrôles au cœur de l’Europe, puis la fermeture inédite des frontières extérieures de l’Union européenne et les quarantaines imposées aux pays les plus touchés, dont la France, ont assigné à résidence les habitants de notre continent. Avant même que la consigne de confinement ne fige chacun dans une inconcevable paralysie.

Une fermeture inefficace

Les Européens, habitués mentalement et physiquement à vivre sur un continent et dans un monde ouverts, suscitent désormais la méfiance. Comme aux migrants d’ordinaire, voilà qu’on leur ferme les frontières. C’est le monde à l’envers ! Des dizaines de pays leur sont interdits, non seulement sous prétexte de contagion, mais aussi parce que le Covid-19 nourrit la démagogie nationaliste et xénophobe. Si l’Organisation mondiale de la santé situe désormais en Europe l’épicentre de la pandémie, elle considère la fermeture des frontières comme inefficace, voire nocive en ce qu’elle entrave la coopération.

Lire aussi Coronavirus : l’OMS parle de « crise sanitaire mondiale majeure de notre époque » pendant que l’Europe se barricade

Le virus, géré en fonction d’impératifs sanitaires, mais aussi politiques, met soudain en lumière une réalité oubliée : les déplacements de population, autrement dit les migrations, ne sont pas seulement le problème des « autres ».

Après la crise des migrants et le terrorisme, le coronavirus ébranle un peu plus encore l’idéal d’une Europe sans frontières

Parce que notre mobilité se trouve soudain entravée, nous découvrons que nos propres déplacements sont assujettis à des contraintes pas si différentes de celles des « migrants » : raidissement des opinions, rapports de force internationaux. Qu’il s’agisse d’exil forcé par l’oppression, de recherche d’un avenir meilleur ou de simple voyage international, les « migrations » ne relèvent pas seulement des droits humains universels. Ce sont aussi des armes diplomatiques, économiques et politiques.

Ainsi, le rétablissement cacophonique des frontières intérieures de la zone Schengen, les entraves un temps opposées aux exportations de matériels sanitaires, reflètent la prééminence des réflexes politiques nationaux et la faiblesse des mécanismes communautaires en matière de santé. Que le principe de libre circulation, fondement de l’UE, ait été géré en mode panique donne la mesure du choc Covid-19 pour une Union en perpétuel procès d’impuissance. Après la crise des migrants et le terrorisme, le coronavirus ébranle un peu plus encore l’idéal d’une Europe sans frontières.

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