Aux Pays-Bas, ruée sur les coffee shops avant fermeture

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File d’attente pour se procurer du cannabis devant un coffee shop d’Amsterdam, le 15 mars 2020.
File d’attente pour se procurer du cannabis devant un coffee shop d’Amsterdam, le 15 mars 2020. JAN VAN DASLER / JAN VAN DASLER via REUTERS

Si les Néerlandais n’ont pas échappé à ce qui s’appelle, chez eux, la « hamstérisation », à savoir la frénésie du stockage de biens de première nécessité quand une crise survient, le phénomène a pris une tournure particulière, dimanche 15 mars : des files gigantesques se sont formées un peu partout les villes pour acheter du cannabis dans les célèbres coffee-shops. Des commerces florissants dans ce pays, où l’achat et la consommation à usage personnel sont tolérés (jusqu’à 5 grammes, en principe).

Dimanche après-midi, à Amsterdam, Utrecht, La Haye ou dans les villes plus proches de la Belgique et de l’Allemagne, les consommateurs voulaient prévenir un possible manque d’herbe ou de « space cakes » – des gâteaux au cannabis – après la décision du gouvernement de fermer tous les commerces jugés non essentiels, dont les restaurants, les cafés et aussi les coffee-shops, à partir de 18 heures. La décision concerne également les clubs sportifs, les salles de sport ou les nombreux « sex clubs » du royaume, tous contraints de baisser leurs volets pour trois semaines au moins.

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Affirmant comprendre la décision des autorités, les patrons des bars à cannabis espèrent désormais que les autorités leur permettront d’ouvrir des petits guichets de livraison rapide. « Une sorte de Mc Drive », explique Gerard Smit, membre de l’association des vendeurs de La Haye, où l’on ne compte pas moins de 34 coffee-shops.

Groupes criminels

Les patrons d’établissement font valoir que de nombreux Néerlandais font un usage thérapeutique du cannabis, pour lutter notamment contre des douleurs aiguës. Ils soulignent aussi qu’une interdiction généralisée, et de longue durée, fera prospérer les groupes criminels qui ont déjà la main sur la culture du cannabis : la tolérance des autorités pour la consommation personnelle, en vigueur depuis 1976, ne s’applique pas à la production de l’herbe, sur laquelle divers groupes mafieux ont mis la main, dans une relative indifférence des pouvoirs publics.

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Dès que la décision de fermeture a été connue, des dealers ont d’ailleurs distribué des prospectus dans les files d’attente et proposé des produits à 20, voire 30 euros le gramme. L’herbe est habituellement vendue à 10 euros dans les coffee-shops. Des publicités ont aussi été très vite envoyées sur les réseaux WhatsApp ou Telegram. « Les acheteurs ignorent la qualité de ce qu’ils recevront et, en outre, ces dealers vendent aussi des drogues dures, comme l’ecstasy, la cocaïne ou la kétamine », a expliqué Joachim Helms, patron du Green House à Amsterdam, et porte-parole du Groupement des détaillants en cannabis.

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