au marché chinois de Douala, on craint les ruptures de stocks

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Le marché chinois d’Akwa, un quartier de Douala, en mars 2020.
Le marché chinois d’Akwa, un quartier de Douala, en mars 2020. JOSIANE KOUAGHEU

Les clients déambulent dans la boutique de chaussures de Jean-Louis. Nous sommes au marché chinois d’Akwa, un quartier de Douala, la capitale économique du Cameroun. Le commerçant tente de convaincre les sceptiques. « Non, je n’ai pas cette paire de chaussures. Vous ne pouvez pas prendre celle-ci ? », propose-t-il, sans succès, à deux jeunes femmes qui lui montrent un modèle de ballerines sur leur smartphone.

« Je n’ai pas de nouveauté dans ma boutique et la clientèle demande toujours plus, soupire Jean-Louis. S’il n’y avait pas eu de coronavirus, je serai en Chine ou en train de me préparer à partir afin d’acheter des marchandises. Mais j’ai peur d’attraper le virus. »

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Au marché, des commerçants camerounais et chinois vendent en gros et au détail des chaussures pour femmes, hommes et enfants, des sacs à dos et à main, des ustensiles de cuisine et bien d’autres articles importés de Chine. Mais comme Jean-Louis, depuis les premiers cas de Covid-19, beaucoup n’ont plus fait le voyage.

Maxime Kwinda Nzoupet, le vice-président du marché chinois, qui reçoit dans sa boutique de chaussures en plastique, confirme que les impacts de l’épidémie commencent à se ressentir. « Il y a déjà des effets qui ne trompent pas, avec la flambée des prix sur le marché. Les sacs de chaussures que les gens achetaient peut-être à 90 000 francs CFA [137 euros] sont désormais vendus à 100 000 francs CFA. Ce n’est pas négligeable », précise-t-il.

La Chine, premier client du Cameroun

A l’en croire, si la situation persiste, des ruptures de stock menacent ce marché chinois qu’il présente comme « le plus grand espace marchand de produits chinois au Cameroun et même en Afrique centrale » avec 800 commerçants camerounais et chinois (chiffres de 2016). Les pénuries de marchandises risquent alors de pénaliser les revendeurs à travers tout le pays et même dans la sous-région. Pour l’instant, néanmoins, « les commerçants sont ravitaillés ».

« Les derniers qui étaient en Chine en décembre avant la déclaration de la maladie ou ceux qui ont commandé à cette période sont en train de réceptionner leurs colis au port. Avec retard car il y a beaucoup de tracasseries pour dédouaner. Mais que se passera-t-il après ? », s’alarme Guillaume Bertin Kadji, dans sa boutique de chaussures pour femmes.

Une boutique de chaussures du marché chinois d’Akwa, un quartier de Douala, en mars 2020.
Une boutique de chaussures du marché chinois d’Akwa, un quartier de Douala, en mars 2020. JOSIANE KOUAGHEU

Les commerçants du marché chinois ne sont pas les seuls à s’inquiéter. D’après les statistiques de la douane chinoise, en 2018, les échanges commerciaux entre le Cameroun et la Chine étaient de 2,7 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros), largement en faveur de Pékin dont les exportations ont représenté près de 1,7 milliard de dollars. Mais le géant asiatique est aussi le premier client du Cameroun, captant 24 % de ses exportations en 2018 selon l’Institut national de la statistique (INS). La Chine est suivie par l’Italie, les Pays-Bas et la France, d’autres pays durement touchés par le Covid-19.

Quatre cas de Covid-19

« On aura un impact économique », a d’ailleurs prévenu le docteur Manaouda Malachie lors d’une rencontre au Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) le 8 mars. Le ministre de la santé publique avait alors détaillé les mesures mises en place par les autorités pour faire face à l’épidémie et invité le patronat à engager des discussions pour minimiser les conséquences « et que notre économie n’en souffre pas ». Depuis, le gouvernement a entamé des concertations avec les milieux d’affaires.

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Le Cameroun n’est d’ailleurs plus épargné par ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a désormais qualifié de « pandémie ». Quatre cas de Covid-19 dont été confirmés, dont un citoyen français âgé de 58 ans arrivé dans le pays le 24 février et sa compagne camerounaise, et un Camerounais âgé de 34 ans, arrivé le 14 mars à bord d’un vol de Brussels Airlines. Ils sont actuellement en isolement à l’hôpital central de Yaoundé, la capitale, où ils suivent des soins.

Au marché chinois de Douala, les commerçants attendent avec impatience la fin de la crise sanitaire. « Le service consulaire de l’ambassade de Chine au Cameroun est toujours ouvert au public et accepte la demande de visa et de légalisation », a déjà twitté l’ambassade de Chine au Cameroun. « J’attendrai que le virus soit complètement éradiqué avant d’y aller », réplique, prudent, Jean-Louis.

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