Le coronavirus et le retour des Etats

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Un monde au ralenti, pétrifié. Une obsession hypnotique : celle des chiffres de la contamination. Nous voilà pris dans un moment de stupéfaction collective d’autant plus inédit qu’on n’en voit pas la fin. Nous frissonnons devant notre fragilité en partage, tout ce qu’elle met en jeu au-delà de la recension des malades et des morts, et nous nous replions sur nos pays, nos villes, nos logements.

Le coronavirus ne représente pas seulement une crise majeure de santé publique. Il nous soumet à une évaluation de notre résilience, de nos solidarités, de notre capacité à faire corps collectivement. Ce qui nous paraissait acquis ne l’est plus. A l’échelle des citoyens comme entre les pays, la collaboration et l’entraide s’entrechoqueront avec la tentation de l’égoïsme et du repli sur soi. Déjà, l’espace Schengen, l’un des plus grands acquis européens, est mis entre parenthèses. Le retour tragique du risque permanent et de la mort dans la vie quotidienne, puis la récession économique à venir, d’ampleur inconnue, vont affermir le rôle des Etats. Ils n’avaient aucunement disparu, mais leur marge de manœuvre était réduite par la puissance des multinationales et la mondialisation.

Déjà, le coronavirus est un exceptionnel révélateur de la solidité de nos dirigeants et au-delà, de nos systèmes politiques, de leur transparence, de leur résolution à plier les droits individuels pour sauver des vies. Dire que les démocraties sont mieux parées que les dictatures à l’affronter semble bien hâtif, dès lors que nous n’avons pas franchi le pic de la contamination. Quelques constats se dessinent. La dissimulation fait perdre un temps précieux. Le déni bureaucratique d’origine du régime chinois a ensuite fait place à une mobilisation de grande ampleur, radicale. En Iran, l’improvisation et l’amateurisme ont décimé jusqu’à l’appareil politique lui-même. La propagande y attribuant le coronavirus à une conspiration étrangère ne convainc personne.

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L’administration Trump, fâchée avec la vérité et les faits, connaît elle aussi une épreuve redoutable. En minimisant le danger, la Maison Blanche a donné le temps au virus de prospérer. Aucune salve de Tweet ni de contre-feux xénophobes ne pourra amoindrir le reflet désastreux qu’aura présenté le gouvernement fédéral. Là encore, l’opposition « démocratie contre dictature » n’est pas d’un grand secours pour juger la réponse.

Derrière l’impréparation se dessine en revanche l’enjeu structurel d’un système de soins pour tous. Aux Etats-Unis comme en Europe, le coronavirus pose la question de l’hôpital public, de la dignité due à chaque personne, quel que soit son niveau de revenu. Eduquer, soigner, protéger : plus que jamais, la redéfinition et la consolidation de l’Etat-providence moderne passent par ces trois missions fondamentales.

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