La France s’affirme comme le troisième exportateur mondial d’armement

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Un rafale Dassault au salon du Bourget en juin 2015.
Un rafale Dassault au salon du Bourget en juin 2015. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

La France n’en finit pas de grignoter année après année une part croissante du marché mondial de l’armement. Selon les chiffres dévoilés lundi 9 mars par l’Institut international de recherche pour la paix (Sipri), la France a représenté 7,9 % des exportations de missiles, avions de chasse et navires de guerre sur la période allant de 2015 à 2019 : un record depuis 1990. Elle occupe ainsi la troisième place du marché mondial des ventes d’armement, alors qu’elle était cinquième lors des cinq années précédentes.

Les ventes d’armement tricolore ont grimpé de 72 % par rapport à la période comprise entre 2010 et 2014, pendant laquelle la part de marché de la France atteignait 4,8 %. Ce bond spectaculaire reflète les succès commerciaux de Dassault Aviation en Egypte et en Inde pour le Rafale ou encore ceux de Naval Group au Brésil et en Inde pour des sous-marins, en Egypte, en Malaisie et aux Emirats arabes unis pour des frégates. La France reste largement distancée au palmarès des principaux exportateurs par les Etats-Unis (36 % du marché) et la Russie (21 %).

Le commerce mondial des armes majeures se porte bien, avec une croissance de 5,5 % entre les deux périodes 2015-2019 et 2010-2014. Une large partie de cette progression provient des flux d’armes vers le Moyen-Orient (+ 61 %), région qui absorbe 35 % des importations mondiales du secteur. Premier pays importateur mondial, l’Arabie saoudite a augmenté à elle seule de 130 % ses achats.

Important pour la balance commerciale et la sécurité

Malgré les alertes émises par de nombreuses organisations des droits de l’homme sur les conditions de la guerre menée au Yémen, Riyad a continué à importer des armes en 2019, dont « 30 chasseurs et un grand nombre de missiles en provenance des Etats-Unis, des véhicules blindés venant du Canada et de France, des patrouilleurs de France ainsi que des missiles et avions d’entraînement britanniques », souligne le Sipri.

Entre 2015 et 2019, les Etats-Unis ont consolidé leur mainmise sur leur premier client : 73 % des achats d’armes de l’Arabie saoudite proviennent de l’Oncle Sam, 13 % du Royaume-Uni et 4,3 % de la France. Est-ce un hasard ? Seule l’Allemagne a décrété en 2019, après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, un embargo sur ses exportations d’armes – « déjà limitées », note le Sipri – vers Riyad. Ce gel a été pointé, en février 2020, par le groupe Airbus comme l’une des difficultés l’ayant conduit à envisager un plan social de 2 362 postes dans ses activités de défense et du spatial en Europe.

Si la hiérarchie de ses fournisseurs s’est maintenue sur la période pour l’Arabie saoudite, celle de la France concernant ses clients, en revanche, a connu une évolution de taille : le Qatar, qui a reçu en 2019 les premières livraisons de Rafale après en avoir commandé 36 en 2015 et 2017, est rentré parmi les trois principaux clients de l’industrie de défense française. Sur la période quinquennale 2015-2019, ce trio est composé de l’Egypte, du Qatar et de l’Inde.

Ces contrats exports sont importants pour la balance commerciale de la France, mais ils sont jugés surtout indispensables pour sa sécurité. « Aucun pays européen n’est capable d’entretenir la compétitivité de son industrie de défense sur son seul marché domestique », martèle Hervé Guillou, PDG de Naval Group. Autrement dit, sans les ventes à l’Egypte ou au Qatar, la France n’aurait pas les moyens de mettre à la disposition de ses forces armées les équipements les plus performants et innovants. Sauf à les acheter, selon toute vraisemblance aux Etats-Unis, ce qui limiterait sa souveraineté : quand la France a décidé, en 2017, d’armer des drones Reaper acquis auprès de General Dynamics, elle a dû demander l’autorisation au Congrès américain.

Intensification de la concurrence

Compte tenu des commandes déjà engrangées, « les exportations françaises vont continuer à se situer à un niveau relativement haut au moins sur les cinq prochaines années », pronostique le Sipri. Et ensuite ? L’intensification de la concurrence rend la compétition de plus en plus serrée. La Chine, cinquième exportateur mondial, fournissait ses équipements à 40 pays entre 2010 et 2014 : elle en livre désormais 53.

« Je croise les industriels chinois partout dans le monde, du Pakistan à l’Afrique. La politique d’exportation d’armement de la Chine est l’une des composantes de sa stratégie d’Etat-puissance », relève M. Guillou. « Et quand les Chinois ne sont pas là, comme en Inde et aux Philippines, ce sont nos compétiteurs russes qui prennent le relais ».

Surtout, les alliances internationales se montrent moins favorables. Les relations entre Paris et Riyad semblent désormais tendues. Et l’Egypte, dont la France a fourni 35 % des équipements militaires entre 2015 et 2019, veut diversifier ses approvisionnements. Même si le président Sissi a appelé à un renforcement de la coopération franco-égyptienne à l’occasion de la visite de la ministre des armées Florence Parly le lundi 2 mars, il a préféré ces derniers mois commander des frégates à l’italien Fincantieri et à l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems. La confirmation de l’option sur 12 Rafale supplémentaires attend toujours. Les ONG qui dénoncent la répression en Egypte ne s’en plaindront pas.

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