Joe Biden prend la tête de la course à l’investiture démocrate

Joe Biden a effectué un important retour en force dans la course à l’investiture démocrate à l’occasion du Super Tuesday et semble prendre la tête du nombre de délégués devant Bernie Sanders, selon des résultats encore provisoires, mercredi 4 mars au matin.

Vice-président de Barack Obama de 2009 à 2017, Joe Biden arrive en tête dans neuf Etats sur les quatorze qui votaient mardi pour choisir le candidat démocrate qui affrontera Donald Trump en novembre prochain. Mais le sénateur du Vermont Bernie Sanders résiste et semble l’emporter en Californie, de loin l’Etat le plus important de la journée.

Illustration de ce come-back, Joe Biden a, au terme d’un coude-à-coude plein de suspense, arraché à Bernie Sanders l’Etat du Texas, un important vivier de délégués. Il a désormais le vent en poupe dans des primaires pour lesquelles « Bernie » était archifavori il y a encore deux semaines.

Le « super-mardi » équilibre donc la course à l’investiture démocrate entre les deux hommes et écarte de la compétition les autres candidats : Michael Bloomberg et Elizabeth Warren sont très largement distancés.

La « bonne soirée » de Joe Biden

Du Maine à la Californie, plusieurs millions d’Américains se sont rendus aux urnes pour participer à la désignation de l’adversaire de Donald Trump — qui briguera le 3 novembre un second mandat de quatre ans. Les primaires de mardi permettront de distribuer plus d’un tiers des délégués (sur un total de 3 979) qui désigneront leur candidat lors de la convention démocrate de juillet.

Joe Biden, 77 ans, a devancé son grand rival, Bernie Sanders, 78 ans, dans neuf Etats : Alabama, Arkansas, Massachusetts, Minnesota, Caroline du Nord, Oklahoma, Tennessee, Texas et Virginie. Sanders l’emporte dans le Colorados, dans l’Utah et le Vermont, où il est élu sénateur. Le Maine semble placer en tête Joe Biden, et la Californie Bernie Sanders, mais les résultats de ces deux Etats ne sont pas encore certains.

Lors d’une allocution à Essex Junction, dans le Vermont, Bernie Sanders a réaffirmé, fidèle à son style combatif, sa certitude de parvenir à la victoire finale. « Je vous le dis avec une confiance absolue : nous allons emporter les primaires démocrates et nous allons battre le président le plus dangereux de l’histoire de ce pays », a-t-il lancé devant une foule enthousiaste, multipliant les piques envers son rival sans jamais le nommer.

« C’est une bonne soirée !, se félicitait tôt dans la soirée Joe Biden. Et il semble qu’elle va devenir encore meilleure ! Elle ne s’appelle pas Super Tuesday pour rien. » « Il y a à peine quelques jours, les médias et les commentateurs avaient déclaré la mort de cette candidature. Eh bien je suis là pour le dire : nous sommes bien vivants », a-t-il ajouté sous les cris et applaudissements de ses supporteurs en Californie.

Bloomberg et Warren très en retard

Le grand perdant de la soirée est le milliardaire Michael Bloomberg, qui s’est lancé très tard dans la course mais espérait, grâce à son immense fortune personnelle, déjouer les pronostics.

Très loin derrière ses adversaires, il a en particulier obtenu des résultats médiocres en Virginie, Etat emblématique dans lequel il avait lourdement investi. « J’ai besoin de votre aide et j’ai besoin de vos votes », a-t-il lancé de Palm Beach, en Floride, sur fond de spéculations croissantes sur son retrait imminent de la course.

L’autre revers cruel est celui essuyé par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, qui a passé une très mauvaise soirée, perdant même dans son fief du Massachusetts. Si elle n’a pas encore annoncé son retrait, son rêve de devenir la première présidente des Etats-Unis semble s’être définitivement envolé.

Une alliance contre Sanders se dessine

Après un démarrage catastrophique, Joe Biden a ainsi réussi une remontée exceptionnelle en remportant largement samedi la Caroline du Sud et son vote afro-américain jugé indispensable pour tout prétendant démocrate. Dans la foulée, il a engrangé lundi le soutien de trois ex-candidats : le jeune Pete Buttigieg, révélation des primaires, la sénatrice Amy Klobuchar, populaire dans le Midwest, et le Texan Beto O’Rourke.

Joe Biden, vieux routier de la politique américaine, se présente comme l’homme de la « garantie de résultats » face à « la promesse de révolution » de son grand rival qui se revendique « socialiste ».

Les candidats qui se sont désistés en faveur de l’ancien vice-président espèrent lui permettre de faire barrage à « Bernie ». « Ce n’est pas un secret », « il y a un gros effort pour stopper Bernie Sanders », répète ce dernier, promettant de « combattre » l’establishment démocrate, effrayé par ses idées très à gauche.

En brandissant l’exemple de Hillary Clinton en 2016, son équipe met en garde contre une nouvelle défaite si Joe Biden est le candidat démocrate. « L’establishment voulait alors un candidat modéré, ils l’ont eu. Et vous savez ce que nous avons obtenu ? Donald Trump », a lancé mardi sur la chaîne MSNBC Jeff Weaver, conseiller du sénateur.