« Le Brexit n’est plus un slogan. C’est un projet politique, et même une idéologie »

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Boris Johnson, à Londres, le 3 mars 2020.
Boris Johnson, à Londres, le 3 mars 2020. FRANK AUGSTEIN / AFP

Chronique. Le Brexit a disparu. Comme par enchantement, ce mot qui, trois ans durant, a enfiévré le Royaume-Uni, déchiré les familles et ensorcelé la Chambre des communes, a été gommé du discours public. Boris Johnson ne le prononce plus, ses ministres le taisent. On cherchait en vain à la « une » des journaux londoniens, lundi 2 mars, la nouvelle de l’ouverture de la deuxième phase des négociations sur le retrait britannique de l’Union européenne, le même jour à Bruxelles. Banni, viré, puni : le Brexit, c’était la dernière décennie.

Est-il frappé d’amnésie, ce premier ministre qui a remporté les élections en décembre 2019 sur le slogan « Get Brexit done » (« Réalisons le Brexit »), ou bien considère-t-il un peu prématurément que la mission est accomplie ? Il a en tout cas compris que ses concitoyens avaient envie de tourner cette page cauchemardesque, une fois la sortie actée le 31 janvier, et de passer à autre chose. Et même si, en 2020, les Britanniques vont encore vivre au régime européen pendant neuf mois, tout en ayant abandonné les commandes à Bruxelles, dans les têtes, le pas est franchi, pour le meilleur ou pour le pire. On ferme le ban.

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Et on passe à l’actualité heureuse. Le carnet rose a remplacé les tractations bruxelloises, avec l’annonce de la naissance en juin d’un bébé au 10 Downing Street, le premier pour la compagne de Boris Johnson, Carrie Symonds, mais le sixième, calcule-t-on savamment à Westminster, pour un premier ministre de 55 ans qui a, décidément, un sens providentiel du timing. Terrassée par sa cuisante défaite électorale de décembre, l’opposition travailliste est trop occupée à panser ses plaies et se chercher un nouveau chef pour aller l’attaquer sur les vrais sujets.

Le pouvoir et un dessein

La presse britannique, heureusement, n’est pas totalement anesthésiée. L’agenda intérieur et le style de gouvernement de Boris Johnson, qui va peut-être accomplir l’exploit de réunir les défauts à la fois de Donald Trump (attaques contre les médias et les hauts fonctionnaires), d’Emmanuel Macron (la tentation jupitérienne) et du leader polonais Jaroslaw Kaczynski (attaques contre la Cour suprême), sont disséqués et critiqués. Mais ce populiste tory d’un nouveau type n’a pas que des défauts : il a, désormais, le pouvoir et un dessein.

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Ce dessein, qu’il a présenté le 3 février en grande pompe à Greenwich, au lendemain du Brexit, est celui de l’avenir radieux du Royaume-Uni, dont la sortie de l’UE aura résolu tous les problèmes. « Nous avons le moment, nous avons le pouvoir retrouvé, et nous savons où nous voulons aller : en avant dans le monde », a proclamé M. Johnson. Le fantasme dérégulé de « Singapour sur Tamise » a été remisé au magasin des accessoires. Boris Johnson veut réinventer son pays et, par un programme keynésien d’investissement public, réhabiliter les régions défavorisées du nord de l’Angleterre et des Midlands qui ont déserté le Labour pour le porter au pouvoir.

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