« J’ai pensé que j’allais mourir »

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Un groupe de femmes rescapées des attaques contre les musulmans et réfugiées au premier étage de l’hôpital Al-Hind de New Delhi, le 28 février 2020.
Un groupe de femmes rescapées des attaques contre les musulmans et réfugiées au premier étage de l’hôpital Al-Hind de New Delhi, le 28 février 2020. Altaf Qadri / AP

Langé dans du coton coloré, un bonnet sur la tête, le nourrisson dort profondément, au milieu du brouhaha. Le petit garçon qui n’a pas encore de nom est un miraculé. Il est né le 24 février au milieu d’une nuit de terreur dans le nord-est de New Delhi, alors qu’une horde de nationalistes hindous déchaînés, armés de pierres, de sabres, de pistolets, de bâtons ou encore de bouteilles d’essence et d’acide, avait pris d’assaut les quartiers à majorité musulmane de la capitale indienne. Sa mère, Savana, aidée par les voisins, a réussi à atteindre l’hôpital Al-Hind, dans le quartier de Mustafabad, et donner naissance à son troisième enfant.

Le père, Firoz Kahn, travaillait dans un magasin de matelas. L’échoppe a été incendiée. La maison qu’il louait n’est plus qu’une ruine. La famille n’a rien pu sauver et a été accueillie au premier étage de cet hôpital de 15 lits, qui s’apparente davantage à un dispensaire, aux conditions d’hygiène précaires.

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Deux cents personnes y ont trouvé refuge, assises sur des couvertures, posées à même le sol. Imran, 30 ans, entouré de sa mère, haute comme trois pommes, de sa femme et de ses enfants, porte un énorme bandage sur la tête. Le 24 février au soir, alors qu’il regagnait la maison familiale – il est employé à la journée – une foule d’hommes armés s’est précipitée sur lui, demandant s’il était musulman. Imran n’a pas répondu. Les assaillants lui ont alors réclamé ses papiers, avant de fondre sur lui pour le massacrer à coups de lathis, ces longs bâtons en bois utilisés par la police indienne.

« Je reviens de l’enfer »

Imran, qui gisait dans un bain de sang, a été transporté inconscient à l’hôpital. Son crâne a été recousu avec 40 points de suture, son dos, ses bras portent de multiples ecchymoses. « J’ai pensé que j’allais mourir. Je reviens de l’enfer », dit l’homme chétif, les yeux révulsés. D’autres musulmans ont été déshabillés pour vérifier s’ils étaient circoncis, battus à mort et jetés dans les égouts à ciel ouvert de ce quartier pauvre et poussiéreux.

Ce déchaînement de haine intervenait dans un contexte politique électrique : le 11 décembre 2019, le Parti nationaliste hindou de Narendra Modi a fait adopter au Parlement une loi qui régularise les réfugiés venus des pays voisins à l’exception des musulmans – réforme qui a embrasé le pays.

A l’entrée de l’hôpital, un homme qui officie à l’accueil a tout consigné sur son registre et son téléphone portable. Quelque 800 personnes, explique-t-il, ont été amenées entre le 23 et 25 février, certaines dans un état épouvantable. Des corps écartelés, carbonisés, des blessures par balles, des visages défigurés par de l’acide, des hommes atteints aux parties génitales. « Nous n’avons que de faibles moyens. Nous avons juste posé des garrots, des pansements et tenté de stopper le saignement des blessés », confie-t-il.

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