A la frontière turco-grecque, les migrants entre peur et désolation

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DOYRAN, TURKEY - MARCH 2: An Afghan refugee carries a branch that will be used as firewood near the Turkish-Greek border outside of Doyran, Turkey on Monday, March 2, 2020. Turkey said it would no longer stop refugees from reaching Europe days after the country suffered heavy losses during an attack in Syria. Byron Smith for Le Monde

BYRON SMITH POUR “LEMONDE”

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Publié aujourd’hui à 11h45

Les yeux hagards, les traits tirés, une centaine de réfugiés, leurs maigres balluchons posés à côté d’eux, campent sur les pelouses de la gare routière d’Edirne, la grande ville de Thrace orientale, au nord-ouest de la Turquie, non loin des frontières grecque et bulgare. Désemparés, démoralisés, ils ne savent plus où aller. En l’espace de quelques jours, ils sont passés de l’euphorie au désespoir.

Encouragés par les déclarations des plus hauts responsables turcs, prompts à déclarer, la semaine dernière, que rien ne s’opposait à leur départ vers la Grèce, la porte d’entrée de l’Europe, ils ont convergé vers Edirne en train, en bus, en taxi et parfois à pied, certains de pouvoir « passer de l’autre côté », comme ils disent tous.

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Leur mouvement a été permis par Ankara qui a levé les restrictions établies en 2015 à la liberté de circulation des réfugiés à l’intérieur du pays. Désormais, ils peuvent acheter des billets de bus ou de train sans qu’on leur demande leurs papiers.

Leur rêve le plus ardent, mener une vie digne et paisible sous le ciel européen, s’est brisé le long des barbelés du poste-frontière turc de Pazarkule (Kastanies, côté grec), qu’ils ont trouvé fermé à double tour. « Samedi, après avoir été aspergés de gaz lacrymogène par les policiers grecs à Pazarkule, nous sommes revenus en ville et maintenant on ne sait plus… », confie amèrement Mahmut, un jeune père de famille irakien, dont les enfants jouent au foot sur la pelouse avec une canette vide.

A Doyran (Turquie), le 2 mars, des réfugiés ont installé un campement de fortune le long du fleuve Evros, entre la Turquie et la Grèce.
A Doyran (Turquie), le 2 mars, des réfugiés ont installé un campement de fortune le long du fleuve Evros, entre la Turquie et la Grèce. BYRON SMITH POUR “LEMONDE”

« Nous n’avons plus rien »

Assis sur le bord du trottoir, Hossein, 29 ans, et Nafiseh, 27 ans, un jeune couple natif de Téhéran, sont tellement hébétés qu’ils ont du mal à parler. Leurs chaussures sont crottées, leurs vêtements, déchirés par endroits, sont couverts de boue. Un instant, ils se sont crus plus chanceux que les autres pour avoir réussi à contourner le poste-frontière et à gagner la Grèce à travers champs.

Leur escapade a été de courte durée. Arrêtés par une patrouille grecque, ils ont été contraints de rebrousser chemin. « C’était très dur. Après avoir trouvé notre cachette, une maison abandonnée où nous nous étions réfugiés, des militaires grecs au visage masqué nous ont battus. Puis ils nous ont dépouillés de nos sacs de couchage, de nos porte-monnaie, de nos téléphones portables et de nos papiers. Nous n’avons plus rien », raconte Nafiseh.

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Les récits se ressemblent. Ahmed, un jeune Afghan, s’est fait rosser, lui aussi, après avoir cru être arrivé « en Europe » alors qu’il était dans le no man’s land entre la Grèce et la Turquie. A cause des coups reçus, son coude a doublé de volume. Il dit ne pas savoir si ce sont des policiers turcs ou grecs qui l’ont frappé. « Grecs ou Turcs, ça m’est égal. Que ce soit d’un côté ou de l’autre, nous sommes ballottés comme des sacs de linge sale. »

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