« En contrepoint de cet intérêt pour l’“effondrisme” se développe un mouvement de pensée inverse, le transhumanisme »

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A la faveur de la crise climatique et environnementale, le recul critique face à la technique fait aujourd’hui surface, remarque Stéphane Foucart dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 11h06 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. Des foules dépenaillées qui se pressent et se bousculent, seau et bidon à la main, autour d’une canalisation d’eaux usées qui fuit ; des pillages, des émeutes, des forces de l’ordre débordées. Depuis le 7 mars et le début de la panne d’électricité géante qui frappe le Venezuela, les quelques images qui sortent de Caracas offrent un sidérant spectacle de chaos et de désolation.

Une centaine d’heures sans courant ont suffi à plonger la capitale vénézuélienne, et semble-t-il une bonne partie du pays, dans ce cauchemar. Le témoignage, recueilli par Le Monde, de Catalina Vargas, coordinatrice de la réponse humanitaire en Amérique latine au sein de l’ONG Care, est glaçant. Une partie de la population reste cloîtrée chez elle en raison de l’insécurité, l’autre erre en quête d’eau, de nourriture ou de médicaments. Sans la Fée électricité, les gestes les plus banals, sur lesquels repose tout l’ordre sanitaire, économique et social, deviennent impossibles.

Le réseau d’eau potable est tombé, faute de pompes électriques pour le faire fonctionner. La moindre transaction est compromise. « Comme la monnaie nationale n’a plus aucune valeur, les gens ne payent que par carte bancaire, raconte Catalina Vargas. Or, sans électricité, les terminaux ne fonctionnent plus. » Pour ne rien arranger il fait ces jours-ci, à Caracas, une trentaine de degrés : toute nourriture stockée au froid est perdue. Même l’acheminement d’une aide alimentaire est entravé, rendu impossible par l’extinction des moyens de communication – téléphone, Internet.

Méfiance

Si la catastrophe qui frappe le Venezuela n’a que peu à voir avec la question environnementale, elle réinscrit dans l’actualité et les esprits l’un des textes importants de la pensée écologiste : Ravage, le premier roman de René Barjavel, publié par Denoël en 1943, au seuil de l’anthropocène. L’histoire est connue : elle campe un monde futuriste fortement dépendant de la technologie et dans lequel (pour des raisons d’ordre géophysique peu explicitées) les électrons cessent tout à coup de circuler dans les matériaux conducteurs, précipitant un indescriptible chaos. Relire ces pages à la lumière de l’actualité vénézuélienne produit une assez forte impression.

La méfiance vis-à-vis du système technique moderne, vu comme une aliénation et en définitive une menace, plutôt que comme un instrument d’émancipation individuel et collectif, est l’un des ferments de l’écologie politique. Parmi ses grands penseurs, Ivan Illich, Jacques Ellul ou encore Bernard Charbonneau, ont développé très tôt un discours critique de la technique, mais celle-ci est largement demeurée sous le radar du débat public pendant tout le XXe siècle. La technique – le progrès technique – allait de soi.

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