Un tribunal britannique met un coup d’arrêt au projet d’agrandissement de l’aéroport d’Heathrow

La justice britannique a donné raison, jeudi 27 février, à des écologistes. Ces derniers s’opposaient à l’agrandissement de l’aéroport londonien d’Heathrow, le plus fréquenté d’Europe. Cette décision pourrait enterrer le projet, à moins que le gouvernement ne revoie sa copie.

Le tribunal a en effet jugé en appel que cette extension n’était pas assez respectueuse de l’environnement et que le précédent gouvernement conservateur, qui l’avait approuvée en 2018, aurait dû tenir davantage compte des accords de Paris visant à limiter le réchauffement climatique. L’aéroport d’Heathrow a immédiatement fait savoir qu’il faisait appel devant la Cour suprême.

« Nous avons gagné ! », a aussitôt exulté le maire de Londres, Sadiq Khan, qui soutenait cette plainte, rejetée en première instance en 2019. Pour John Sauven, de l’organisation non gouvernementale Greenpeace, également partie prenante aux côtés de plusieurs quartiers de la capitale, « la troisième piste est déjà à genoux quant à ses coûts, au bruit, à la pollution de l’air », et désormais « l’aéroport a un obstacle trop haut à franchir ».

Johnson également opposé à l’agrandissement

Le gouvernement de Boris Johnson devrait désormais avoir son mot à dire sur ce projet faramineux qui doit coûter pour sa première phase 14 milliards de livres. La décision de justice pourrait arranger le premier ministre qui n’a jamais caché son opposition à cet agrandissement.

Il avait par le passé dit qu’il n’hésiterait pas à se mettre en travers des bulldozers pour empêcher la construction de la piste. Et en décembre, il a exprimé des « doutes » sur la capacité des promoteurs à préserver la qualité de l’air et limiter la pollution sonore.

L’agrandissement d’Heathrow est sous le feu des critiques des mouvements écologistes qui dénoncent l’augmentation de la pollution et des nuisances sonores. En France, le collectif contre l’extension de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle Non au terminal 4 se réjouit de cette décision :

« C’est une décision historique, car c’est la première fois qu’une décision juridique s’appuie sur l’urgence climatique pour annuler l’extension d’un aéroport. Il est urgent de faire la même chose à Roissy, où est prévue une mégaextension, véritable bombe climatique, qui augmenterait le trafic de près de 40 %, soit l’équivalent de l’aéroport d’Orly. »

Les travaux d’agrandissement d’Heathrow doivent débuter en 2022 et durer quatre ans. Le projet doit être financé par le consortium d’investisseurs propriétaire de l’aéroport dont des fonds souverain de Chine, de Singapour et du Qatar.