« En luttant contre l’islam politique, l’Occident démocrate se trompe dangereusement de cible »

0
99

[ad_1]

Tribune. Que sont les islamistes devenus ? Ont-ils été victimes de la tempête contre-révolutionnaire lancée contre ceux qui, il y a un peu moins de dix ans, avaient eu l’impertinence de rafler la mise des premiers scrutins libres du « printemps arabe » ? Ou ont-ils été discrédités par les excroissances djihadistes que la répression a contribué à faire sortir de leurs rangs ? A en croire les voix les plus sonores, les adeptes d’Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères musulmans en 1928, seraient défaits militairement en Egypte, invisibles dans le Hirak algérien, phagocytés en Tunisie par leur proximité du pouvoir ou leur crainte paradoxale de l’exercer. Et ils seraient, au Liban, en Irak ou au Soudan, dès lors qu’ils sont ou pourraient être pouvoir, menacés par « la jeunesse révolutionnaire ».

« Dans l’inconscient occidental plane la conviction terriblement simplificatrice que seule la disparition des mouvements islamistes permettrait d’envisager un monde apaisé »

Dans l’inconscient occidental – tout comme, il est vrai, dans la diplomatie de la France, et pas seulement en Libye – plane ainsi la conviction terriblement simplificatrice que seule la disparition des mouvements islamistes permettrait d’envisager un monde apaisé. La réalité, plus contrastée, pourrait s’articuler en quatre ou cinq nuances.

Plus que jamais, il est difficile de parler au singulier de l’islam politique. Les courants légalistes, capables et désireux de former des majorités de gouvernement, sont certes aujourd’hui confrontés à une puissante réaction contre-révolutionnaire. Mais ils sont loin d’avoir disparu des scènes ou des urnes du Maghreb ou du Proche-Orient. Leur part de marché devrait plutôt s’exprimer en termes d’une « omniprésente diversité ». En 2018 et en 2019, au Liban, en Irak ou en Tunisie, dans des contextes fondamentalement différents, ils sont encore régulièrement sortis en tête des scrutins « post-printaniers ».

Mais la meilleure preuve de la résilience de l’islam politique réside sans doute dans l’acharnement obsessionnel que déploient très sélectivement contre lui les défenseurs régionaux de l’ordre autoritaire arabe. Ces derniers, en effet, savent mieux que quiconque que – bien davantage que ses rivaux salafistes, plus faciles à instrumentaliser –, c’est bien le courant des Frères musulmans qui constitue la première menace à leur pérennité.

Un agenda profane et démocratique

Derrière le dénigrement de l’islam politique, l’ennemi des autocrates est plutôt l’alternance du même nom ! A bien des égards, comme a osé l’énoncer en conclusion de sa longue trajectoire dans le renseignement et la diplomatie l’ex-général d’aviation Philippe Gunet, peu avant sa mort, dans une tribune pour Orient XXI, l’idée s’instaure irrésistiblement que c’est la démocratie qui pourrait bien ainsi être devenue aujourd’hui « la première victime de la lutte contre l’islam politique ». L’Occident démocrate serait ainsi en train de se tromper dangereusement de cible.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: