« Le déni de citoyenneté qui mine le monde arabe depuis des décennies se traduit par un malaise sociétal durable »

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Tribune. Le monde arabe reste parcouru, en ce début d’année 2020, par une série de mouvements de protestation avec pour dénominateur commun une demande citoyenne proche de celle qui avait déjà précipité les « printemps arabes » de 2011. D’Alger au Caire, de Beyrouth à Bagdad, et dans bien d’autres lieux, cet appel à la citoyenneté vise un ensemble de systèmes et d’institutions ayant échoué, dans l’ensemble, à assurer une vie décente et acceptable à leurs gouvernés. Ailleurs, comme à Tunis, cet appel se veut certes plus sourd actuellement, mais il reste encore bien présent. Etouffé dans des pays en situation de guerre civile tels la Libye, la Syrie ou encore le Yémen, ce mouvement citoyen réapparaîtra nécessairement avec force sur le devant de la scène.

« Les revendications citoyennes arabes sont une constante structurelle depuis une décennie, liées à des demandes politiques et sociales très concrètes »

Les revendications citoyennes arabes n’appartiennent pas au passé ; elles ne sauraient d’ailleurs se concevoir comme un moment passager. Ancrées au cœur des manifestations surgies ici et là au cours des derniers mois, elles sont une constante structurelle depuis une décennie, liées à des demandes politiques et sociales très concrètes. Lorsqu’elle débute en décembre 2018 au Soudan, la dernière vague contestataire en date, causée en premier lieu par le triplement du prix du pain, se traduit par des rassemblements populaires qui auront finalement raison du régime d’Omar Al-Bachir. Dans le contexte algérien, les citoyens se révoltent dans le cadre du mouvement Hirak à compter du mois de février 2019 contre une énième candidature du président en exercice Abdelaziz Bouteflika, qui finira par démissionner, sans pour autant emporter avec lui l’« Etat profond » solidement installé dans le pays et régi par l’armée.

Le cas égyptien fait, quant à lui, songer à une sorte de répétition avortée de la révolution de janvier 2011. De nouveau réunis sur la place Tahrir à l’automne 2019 pour réclamer une reconnaissance à part entière de leur citoyenneté et des droits qui en découlent, les manifestants exigent le départ du président officiellement au pouvoir depuis 2014, Abdel Fattah Al-Sissi, mais échouent à le renverser comme ils l’avaient fait avec Hosni Moubarak. A l’origine de cette irruption citoyenne, la diffusion sur la Toile de vidéos accusant le chef de l’Etat de corruption. Depuis, la répression est féroce, sans atteindre néanmoins le niveau de celle de l’Irak, où la contestation, qui débute au même moment, se voit réprimée à coups de centaines de morts et de blessés, dont de très jeunes manifestants. Elites politiques inaptes et corrompues, absence de réformes économiques, délabrement continu, diktat de stratégies confessionnelles et communautaires massivement rejetées par la population : la colère vive du citoyen irakien, soucieux d’être entendu et reconnu comme tel, n’est pas nouvelle et ressurgira forcément elle aussi.

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