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Il se defend d’être un nominé politique. Phalraj Servansingh estime que, même proche du MSM, cela ne l’empêchera pas d’être indépendant dans ses prises de décision en tant qu’assesseur à l’Independent Police Complaints Commission. Il admet qu’il existe un mal-être au sein de notre police.
Vous avez démissionné de votre poste à l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) pour aller prêter main forte à l’Alliance Morisien dans la circonscription no 1 (GRNO/Port-Louis Ouest)…
Je vais vous expliquer ma position sur la question. Durant la campagne électorale de 2019, j’ai senti qu’il fallait que je donne un coup de main à mon parti. Éthiquement, je ne pouvais rester en poste et, à la demande du MSM, je me suis jeté dans la bataille. Pour ce faire, je ne pouvais rester à un poste constitutionnel. Que vouliez-vous que je fasse ? être sur le terrain sous tapis, tout en restant à mon poste ? Je ne pouvais le faire.
Cela ne vous dérange-t-il pas d’être de nouveau un nominé politique à la tête d’une institution comme l’IPCC ?
Je ne suis pas un nominé politique. C’est sur recommendation du Premier ministre, en consultation avec le leader de l’opposition, que le président de la République m’a nommé. Le PM est satisfait de mon passage dans cette institution ; il a décidé de me nommer de nouveau. Où est le problème ? Cela ne me dérange pas.
Le respect de l’uniforme ne peut être imposé ; cela se mérite»
Vous sentez-vous assez indépendant pour prendre des décisions neutres, alors que vous avez porté ouvertement le flambeau du MSM durant la dernière campagne électorale ?
Je vous réponds par une question : le gouvernement en place et qui a mené campagne est-il assez indépendant pour diriger l’ensemble du pays ? Idem pour les membres de l’opposition. En termes d’indépendance d’esprit, je n’ai aucun problème. je vais faire mon travail car j’ai la conscience tranquille. Je ne reçois d’instructions de personne. Lors de mon précédent mandat, on a analysé plus de 600 cas et il n’y en a pas un qui a été étudié et analysé de manière frivole et partiale.
Est-ce que la Commission fonctionne comme une police des polices, comme en France, par exemple ?
Nos objectifs sont les mêmes que la police des polices française. Toutefois, nous dépendons beaucoup des rapports médico-légaux, du Forensic Science Laboratory, car nous n’avons pas ces facilités et ces compétences. à partir de là, nos enquêteurs vont fouiller, analyser et faire un rapport sur chaque cas.
Que se passe-t-il après ? Le rapport finira-t-il dans un tiroir ?
Pas du tout, ces rapports sont remis au Directeur des poursuites publiques pour des poursuites, si les cas sont avérés.
De combien de cas parlons-nous ?
Il y a actuellement 6 ou 7 cas qui seront poursuivis devant une cour de justice. Pour d’autres cas, qu’on va qualifier de moins sérieux, on envoie le rapport devant la Discipline Forces Service Commission pour des actions disciplinaires.
La policière s’est enfermée à clé dans le poste, de peur qu’elle ne se fasse agresser»
Dans le cas de l’accident de Wooton impliquant des policiers en fonction, où en sont les choses ?
Je sais qu’il y a eu des complaintes, mais franchement, quand cela est arrivé, j’étais en congé. Je ne peux donc pas vous répondre.
Plusieurs officiers de police ont été interpellés parce que liés au trafic de la drogue. Faut-il être plus sévère dans le recrutement et faire un screening plus minutieux ?
C’est un phénomène de société et cela ne concerne pas uniquement des policiers. Pour ce qui est du recrutement des policiers, le gouvernement a promis de tout revoir avec une réforme profonde et je pense que c’est une bonne décision.
Certains avocats, et non des moindres, avancent que leurs clients sont sujets à des brutalités policières. Un ‘escape goat’ trop facile ?
Vous savez, quand il y a des allégations de brutalités policières, le magistrat réfère le cas à la Commission et nos inspecteurs se penchent sur ces cas avec tout le sérieux du monde. Mais, avec l’installation des caméras CCTV dans les postes de police, il devient de plus en plus difficile pour qu’il y ait des cas de brutalité policière.
La brutalité peut ne pas être physique, mais verbale, vous en conviendrez…
À notre niveau, quand on analyse certains cas, on tente de faire une conciliation entre le policier mis à l’index et le plaignant. Souvent, on demande au policier concerné de présenter ses excuses au plaignant, car la façon dont il s’est adressé à lui n’est pas correcte.
Y a-t-il des cas « genuine » de brutalités policières ?
Effectivement et malheureusement, il y a des cas genuine de brutalités policières. Les cas qui sont devant la justice s’apparentent à de la brutalité policière.
Pourquoi n’y a-t-il plus ce respect de l’uniforme ?
Il ne faut pas généraliser. Il ne faut pas se concentrer que sur les aspects négatifs de la force policière. Imaginez qu’il n’y avait pas de policiers ni de postes de police, cela aurait été le chaos. On vit dans un monde de contestation des autorités et la police doit s’adapter à ce genre de contestations. Le respect de l’uniforme ne peut être imposé ; cela se mérite.
Y a-t-il un mal-être au sein de la force policière ?
Il y a effectivement un mal-être au sein de notre force policière. On a environ 1 300 policiers. Lorsque vous enlevez ceux affectés à la SMF et d’autres unités spéciales, que reste-t-il pour les postes de police ? Un exemple : l’autre jour, on a visité le poste de police d’Eau-Coulée. Savez-vous ce qu’une policière m’a dit ? Ses deux collègues de nuit étaient sortis pour répondre à une requête et elle était seule.
Et ?
Cela peut paraître comique, mais la policière s’est enfermée à clé dans le poste, de peur qu’elle ne se fasse agresser. En tout et pour tout, il y avait trois policiers pour tout un quartier comprenant quelque 40 000 âmes.
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