« Le rêve caressé par les quelque 2 millions de Kurdes de Syrie s’estompe »

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A Rakka, en août 2019.
A Rakka, en août 2019. DELIL SOULEIMAN / AFP

Quelque part au bord de l’Euphrate, dans une petite ville en ruines, une jeune femme rêve d’une autre Syrie. Leïla Mustapha, 32 ans, aimerait que son pays échappe à la guerre, qui y sévit toujours, mais aussi à la dictature, qu’il s’agisse de celle de Bachar Al-Assad ou de quelque puissance étrangère. Leïla Mustapha sait de quoi elle parle. Elle est maire, très exactement maire adjointe, de Rakka, l’ex- « capitale » de l’organisation Etat islamique (EI).

Elle est Syrienne, ingénieure civile, major de sa promotion, chargée de la reconstruction d’une ville à majorité arabe. Symbole de la barbarie djihadiste, Rakka reste traumatisée, en partie démolie par les combats menés pour en chasser l’EI. Leïla Mustapha est aussi Kurde, fille de ce pays kurde syrien qui, au nord du pays, court le long de la frontière avec la Turquie.

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Elle veut croire que la Syrie et notamment sa région ne sont condamnées ni à la botte de Damas ni à celle d’Ankara. Elle n’a pas peur de l’adversité, comme elle le raconte dans un livre coécrit avec la journaliste Marine de Tilly, La femme, la vie, la liberté (Stock, 250 p., 19,50 euros). Mais elle est bien seule, Leïla Mustapha.

Les Kurdes de Syrie ne sont plus dans l’actualité. On les a oubliés, maintenant qu’ils ont fait le boulot : un face-à-face victorieux, sur le terrain, maison à maison, contre la soldatesque islamiste. Avec Damas, ils entretiennent une relation orageuse, tantôt dans une alliance tactique, tantôt en conflit. Ils ont été lâchés par les Russes, qui furent un temps des partenaires. Ils ont été trahis par les Etats-Unis et les Européens dont ils furent les indispensables alliés contre l’EI. Ils sont aujourd’hui attaqués par la Turquie, qui s’installe dans leur région. Mesure chiffrée de l’ingratitude manifestée à l’égard des combattants kurdes de Syrie : ils ont eu 11 000 morts et des milliers de blessés graves dans les combats contre l’EI – blessés qu’ils n’arrivent pas à venir faire soigner en Europe.

Un caractère trempé dans l’épreuve

Depuis quelques semaines, chasseurs syriens et russes pilonnent le massif d’Idlib, dans l’ouest du pays, où vivent 3 millions de personnes. Idlib est le dernier bastion de la rébellion armée contre Bachar Al-Assad. Celle-ci est, pour l’essentiel, composée de groupes islamistes, des Arabes sunnites, protégés de l’armée turque – laquelle est entrée en confrontation avec la Syrie.

Les Kurdes craignent un exode massif sur le peu de territoire qu’ils contrôlent encore. Pareil mouvement accélérerait une politique d’épuration ethnique encouragée par Ankara.

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