Mystère sur les eaux sanglantes du Mekong

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Les cadavres de trois dissidents thaïlandais réfugiés au Laos ont été retrouvés dérivant sur le fleuve fin 2018. La veuve de l’un d’eux vient de porter plainte et accuse la junte militaire au pouvoir à Bangkok.

Par Bruno Philip Publié aujourd’hui à 03h58

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LETTRE DE BANGKOK

Des secouristes thaïlandais recouvrent un corps découvert dans le fleuve Mékong dans la provinde de Nakhon Phanom (Thaïlande), le 27 décembre 2018.
Des secouristes thaïlandais recouvrent un corps découvert dans le fleuve Mékong dans la provinde de Nakhon Phanom (Thaïlande), le 27 décembre 2018. AP

L’un après l’autre, les corps flottant sur le Mékong ont été retrouvés, enroulés dans des toiles de jute serrées par des cordes, dérivant le long de la rive thaïlandaise, face au Laos.

Les cadavres présentaient tous les trois les mêmes caractéristiques : les visages étaient défigurés, et leurs entrailles évidées avaient été remplies de ciment. Mais les tueurs ont dû bâcler le travail : les corps ont refait surface, le premier le 26 décembre 2018, le deuxième le 27 et le dernier le 29. Tout cela dans un rayon de vingt kilomètres.

S’ajoute à cette terrible histoire un autre élément, qui a relancé l’affaire et vient d’apporter un mystère supplémentaire à la triple exécution : si les tests ADN menés par la police thaïlandaise ont montré que le deuxième et le troisième corps étaient ceux de « Puchana », 54 ans, et « Kasalong », 47 ans, surnoms de deux dissidents thaïlandais réfugiés au Laos depuis le coup d’Etat militaire de mai 2014, l’identité du premier corps n’a pas pu être prouvée : le cadavre a disparu…

Aujourd’hui, l’épouse de Surachaï Danwattannusorn, 77 ans, ex-maoïste affilié au défunt Parti communiste thaïlandais – qui était lui aussi réfugié au Laos et dont l’on est sans nouvelles depuis la mi-décembre 2018 – affirme que le cadavre manquant est celui de son mari. Elle a récemment déposé une plainte auprès de la police du district de Tha Uthen, situé dans la province de Nakhon Phanom, le long du Mékong.

« J’ai la conviction que le premier corps est celui de Surachaï », affirme Pranee, dite « Pa Noï », la femme du dissident, dans un restaurant d’un centre commercial de la périphérie de Bangkok. « Les deux autres cadavres étaient ceux de ses amis, et Surachaï a disparu en même temps qu’eux », ajoute-t-elle.

Crime de lèse-majesté

Le 25 février, quand Pa Noï a été reçue par un policier de Tha Uthen, elle a eu la surprise de rencontrer un inspecteur qui ne savait rien du premier cadavre. « Il m’a dit : “Je n’ai aucune information. Vous pensez bien que si l’on m’avait signalé qu’un corps flottait sur le fleuve, je me serais précipité” »

Selon Somyot Prueksakasemsuk, célèbre opposant et journaliste rencontré avec Pa Noï, le modus operandi des trois meurtres était bien le même. Cet homme de 58 ans est sorti de prison début 2018, après sept ans d’incarcération pour crime de lèse-majesté, loi dont la junte s’est abondamment servie depuis cinq ans pour régler leur compte aux voix discordantes. Somyot s’étonne que la police ne sache rien : « Le premier cadavre a été retrouvé par des pêcheurs qui ont aussitôt prévenu le chef de village le plus proche. Lui-même a ensuite signalé la découverte aux policiers. Je le sais, j’ai moi-même rencontré un journaliste qui a couvert l’affaire. »

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