« Ici c’est la famine qui nous guette, là-bas l’enfer ! »

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CORRECTION / A girl walks at a camp for Malian refugees in Dori, on February 3, 2020.  More than 8 000 Malian refugees live in the Goudebo camp.
 / AFP / OLYMPIA DE MAISMONT

OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

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Publié aujourd’hui à 11h46

Le flot est continu. Visages hébétés, blanchis par la poussière du désert ; femmes et enfants à pied ou entassés à l’arrière de charrettes, avec pour seuls bagages quelques ballots embarqués à la va-vite. « Ça ne s’arrête pas. Tout le monde fuit… », désespère Kouka Ouedraogo.

Pour lui, c’est devenu une routine. Chaque matin, devant sa cahute, le vieil homme scrute à l’horizon la venue du dernier lot d’exilés de la nuit ou de l’aube. Lui aussi est arrivé là comme ça. Avec ses six femmes et ses vingt enfants, il a posé son baluchon sur ce coin de terre aride improvisé en camp de déplacés, dans la périphérie de Dori, au nord du Burkina Faso. C’était il y a une semaine. Il a décidé de fuir leur village, Léré, à une soixantaine de kilomètres, laissant ses champs de mil. Marcher la journée, dormir dans la brousse et mendier quelques rations dans les hameaux traversés.

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« C’était ça ou la mort », résume l’homme en long boubou gris poussière. Comme lui, tous ici ont fui les massacres. En deux semaines, près d’une centaine de civils ont été tués. Depuis 2015, les attaques ont fait plus de 1 100 victimes, militaires et civils dans le pays, selon un décompte d’Armed Conflict Location & Event Data (Acled), entraînant une crise humanitaire à la croissance la plus rapide au monde. A ce jour, plus de 600 000 personnes ont fui leur foyer, 51 % dans la région du Centre-Nord et 34 % au Sahel. A ce rythme, on estime que le Burkina comptera un million de déplacés à l’été.

Incompréhension

Sur sa chaise rafistolée, l’oreille sur sa radio, Kouka Ouedraogo reste aux aguets. Deux jours plus tôt, 18 civils ont été tués à Lamdamol, un village voisin. Un scénario proche de l’attaque qui l’a chassé. « En décembre, les djihadistes sont passés trois fois chez nous, ont exécuté trois habitants et volé tout le bétail, environ 200 à 300 animaux. Notre seul salut a été la fuite », raconte le paysan éleveur. Assassinat de ses voisins, saccages de villages, vol de son troupeau… Kouka Ouedraogo cherche à comprendre. « Si seulement on savait ce qu’ils veulent… Mais ce sont des massacres gratuits, ils tirent dans le tas, peu importe ton ethnie, que tu sois un enfant ou une femme, qu’est-ce qu’ils cherchent à la fin ? », s’interroge le vieil homme.

La terreur et l’incompréhension empoisonnent l’air de ce camp de fortune du quartier de Wendou, où s’entassent déjà plus de 6 000 déplacés. Ici, comme Kouka, on aimerait connaître le visage de ces bourreaux masqués, comprendre leur mobile. Ces derniers mois, les attaques des groupes armés, dont certains sont affiliés à l’Etat islamique au Grand Sahara et à Al-Qaïda au Maghreb islamique, visent de plus en plus les civils.

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