En Irak, les revirements de Moqtada Al-Sadr suscitent l’incompréhension

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A Bagdad, le 1er février.
A Bagdad, le 1er février. LAURENT VAN DER STOCKT POUR LE MONDE

Le divorce entre Moqtada Al-Sadr et la contestation antipouvoir en Irak est consommé. De soutien affiché du mouvement né en octobre 2019, le chef populiste chiite est devenu aujourd’hui la bête noire. L’incompréhension suscitée, jusque dans les rangs du courant sadriste, par ses revirements intempestifs depuis janvier a laissé la place à un rejet violent après les attaques menées par les « casquettes bleues », les hommes de sa milice, Saraya Al-Salam (« Brigades de la paix »). Leurs tentatives de reprise en main des sit-in par la force ont culminé avec la mort de huit manifestants à Nadjaf, le 5 février. Dans les slogans et sur les bannières, à Bagdad et dans le sud chiite du pays, Moqtada Al-Sadr est désormais dépeint en homme sanguinaire et conspué en « criminel ».

Abu Farkan, responsable au bureau personnel de Moqtada Al-Sadr, chez lui à Sadr City, le 31 janvier 2020. Au-dessus de lui, le portrait de Mohammad Sadeq Al-Sadr, le père de Moqtada Al-Sadr.
Abu Farkan, responsable au bureau personnel de Moqtada Al-Sadr, chez lui à Sadr City, le 31 janvier 2020. Au-dessus de lui, le portrait de Mohammad Sadeq Al-Sadr, le père de Moqtada Al-Sadr. LAURENT VAN DER STOCKT POUR “LE MONDE”

Parmi les contestataires qui rejettent toute tutelle politique ou religieuse sur le mouvement, la rupture suscite amertume et soulagement. Héraut autoproclamé du mouvement pro-réformes de 2015-2016, Moqtada Al-Sadr est l’un des principaux acteurs du système politique, dont ils réclament la chute. Depuis les législatives de 2018, qui ont vu sa coalition, Sairoun (« En marche »), arriver en tête, le chef populiste chiite est une voix décisive dans le choix du premier ministre et de ministères. Son soutien et la présence de milliers de ses partisans sur les sit-in ont toutefois renforcé la contestation, confrontée à une répression qui a fait au moins 543 morts.

Menacé de représailles

Sa décision de prendre ses distances avec la contestation, le 24 janvier, et d’appuyer, la semaine suivante, la candidature de Mohammed Taoufiq Allaoui pour former un gouvernement, ont suscité l’incompréhension jusque dans les rangs sadristes. Nombre de ses partisans, qui se comptent par millions dans les quartiers défavorisés de Bagdad et du sud de l’Irak, ont donc quitté à contrecœur les sit-in. Seule une minorité s’est désolidarisée. « Moqtada Al-Sadr n’a jamais soutenu réellement ce mouvement pacifique, il a toujours essayé de le récupérer à des fins politiques. Les sadristes ont tenté de contrôler et de diriger les manifestations, mais ils ont trouvé face à eux des gens déterminés », critique le cheikh Asad Al-Nasri, un imam influent du courant sadriste, qui a rompu avec Moqtada Al-Sadr, le 24 janvier.

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Intimé de rentrer dans le rang, et menacé de représailles, il a installé sa tente au cœur du sit-in de Nassiriya, sa ville d’origine et bastion contestataire dans le sud de l’Irak. L’homme dit être entouré de nombreux sadristes rejetant, comme lui, la décision du chef populiste chiite. « Ils viennent ici secrètement. Ils n’acceptent pas la position de Moqtada Al-Sadr, mais, ils ne peuvent pas le dire publiquement, par peur des représailles et des campagnes de diffamation », assure le cheikh Al-Nasri.

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