A New York, la leçon de dignité de l’économiste Esther Duflo

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Esther Duflo lors de sa « lecture Nobel », à l’université de Stockholm , le 8 décembre.
Esther Duflo lors de sa « lecture Nobel », à l’université de Stockholm , le 8 décembre. CHRISTINE OLSSON / AFP

LETTRE DE NEW YORK

Esther Duflo, lauréate 2019 du Nobel d’économie, était l’invitée vedette de la Nuit des idées et de la philosophie, coorganisée samedi 1er février par l’ambassade de France aux Etats-Unis, à la bibliothèque de Brooklyn. La Française, professeure au MIT (Massachusetts Institute of Technology), a administré en vingt et une minutes quatre leçons magistrales, et pas uniquement sur la pauvreté, son domaine de prédilection.

Elle est partie d’un constat : aux Etats-Unis, en Europe, et même en Inde, la patrie de son époux, les débats sont extrêmement polarisés autour de quatre sujets principaux : l’immigration, le commerce, les inégalités et le changement climatique.

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Le problème, déplore Esther Duflo, c’est que « personne ne fait confiance aux économistes pour répondre à ces questions », alors qu’ils disposent pourtant de nombreuses données. « La confiance dans les météorologistes est deux fois plus élevée que celle dans les économistes », déplore-t-elle, citant un sondage réalisé au Royaume-Uni dans lequel ces derniers arrivent même en avant-dernière position, après les hommes politiques.

Or, sans données de base partagées, les discussions sont vidées de leur substance, remplacées par l’émotion, les débats caricaturaux et la désespérance : « Si vous avez le sentiment qu’un sujet ne peut pas être résolu, vous devenez plus déprimé », dit-elle.

La recherche d’une raison de vivre

Les économistes en portent un peu la responsabilité. Les gens croient qu’ils sont là pour faire des prévisions, alors qu’ils sont nuls dans ce domaine…

Première leçon, selon Esther Duflo, les humains sont bien moins sensibles aux incitations financières que ne le supposent les économistes. Les gens sont persuadés que leur voisin va s’arrêter de travailler si les impôts augmentent ou si un revenu garanti est instauré, mais assurent qu’ils ne le feraient pas à titre personnel. Les gens voient juste… sur eux-mêmes. L’Homo economicus est bien peu économique. Ce qu’il recherche, ce sont des connexions sociales, une raison de vivre.

Deuxième enseignement, sur les migrations. On croit généralement que les populations se déplacent pour chercher des salaires plus élevés – ce qui sera salué par les partageux et critiqué par ceux qui sont inquiets pour leur travail. En réalité, il n’en est rien. De nouveau, l’Homo economicus ne l’est pas vraiment.

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La preuve ? Aux Etats-Unis, où la mobilité des salariés est totale, seuls 6 % des Américains changent de comté chaque année, contre 14 % en 1948. Un salarié de l’ameublement licencié en Caroline du Nord ne déménagera pas facilement à New York. Deux conclusions : d’abord, les migrations massives n’auront pas lieu ; ensuite, il ne faut pas s’attendre à une harmonisation des disparités, qui demeurent considérables aux Etats-Unis, via les migrations et les mouvements de capitaux.

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