« Victime de Wikileaks, je soutiens Julian Assange »

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« Le martyre d’Assange n’a rien à voir avec les dérives – réelles – de Wikileaks. En réalité, il montre seulement le vrai visage de nos régimes : des régimes qui choisissent de se venger, plutôt que d’accueillir les vérités qui les concernent et de reconnaître les forfaits qu’ils ont commis. »
« Le martyre d’Assange n’a rien à voir avec les dérives – réelles – de Wikileaks. En réalité, il montre seulement le vrai visage de nos régimes : des régimes qui choisissent de se venger, plutôt que d’accueillir les vérités qui les concernent et de reconnaître les forfaits qu’ils ont commis. » DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Tribune. En 2017, cinq membres et proches de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron se sont fait pirater. Deux jours avant le second tour de l’élection présidentielle, leurs courriers électroniques – au total, plusieurs dizaines de milliers – ont été diffusés sur Internet.

J’étais l’une de ces cinq personnes. Les pirates n’ont pas fracturé ma boîte professionnelle. Ils ont forcé un compte privé que j’avais ouvert des années auparavant. Un compte Gmail. Sur des forums, sur les réseaux sociaux et sur des sites obscurs, ils ont ensuite répandu son contenu entier. Sans trier. Sans faire la part entre ce qui relevait de la campagne électorale et ce qui m’appartenait exclusivement. Ainsi, ils ont rendu accessible à tous, en quelques clics, ma vie familiale, sentimentale, sexuelle, festive. Ils ont jeté en pâture mes coordonnées. Mon état de santé. Mes films et mes photos. Toute ma vie privée.

Mon intimité

La fuite de mes courriels personnels a aussi affecté d’autres vies que la mienne. Les messages d’amis, de parents, de collègues, de connaissances, de toutes les personnes qui m’avaient écrit un jour, sont eux aussi devenus publics. « Est-ce si grave ? Aviez-vous tant de choses à cacher ? », me demande-t-on parfois. La réponse est claire : je n’avais rien à cacher. Mes courriels privés ne dévoilent pas de secrets. Ils ne révèlent pas que je suis pédophile ou fraudeur fiscal, volage ou menteur, drogué ou atteint d’une maladie incurable. Dans leur insignifiance, ils décrivent seulement le jeune homme que j’étais.

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Ils racontent mes excès, mes contradictions, des erreurs passées, mes hésitations ; la part la plus banale de ma vie. Ils matérialisent ce qui longtemps m’est apparu abstrait, et qui me semble aujourd’hui vital : mon intimité.

L’été qui a suivi l’élection, Wikileaks a fait le choix d’intégrer sur son site la totalité des courriels piratés dans le cadre de la campagne d’Emmanuel Macron. En contradiction avec ses principes fondateurs, l’organisation n’a pas retiré de la masse de données les messages à caractère privé. En les consignant sur son site et en refusant de les trier, elle leur a même donné une visibilité nouvelle et a facilité leur accès. Longtemps, j’ai ressenti de la haine contre Wikileaks, Assange, ses représentants. J’ai maudit leurs méthodes, leur radicalité inconséquente. Je leur en voulais d’avoir contribué à me rendre vulnérable, craintif, plus paranoïaque que jamais.

Avais-je raison de rejeter et discréditer leur entreprise entière ? Certes, mon expérience illustre une limite évidente de la démarche de Wikileaks : elle met en lumière les excès de la transparence ; elle rappelle également que les lanceurs d’alerte devraient toujours confier l’examen et le traitement des informations qu’ils détiennent à des journalistes. Pour autant, elle ne remet nullement en cause la valeur du travail mené depuis des années par Assange, Wikileaks, et les rédactions du monde entier qui collaborent avec eux.

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