« Le trumpisme n’est pas la nouvelle normalité politique »

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Tribune. La ritournelle semble s’imposer dans le débat français : Trump ne serait que la continuation d’Obama en politique étrangère, les deux étant le produit d’une Amérique fatiguée des « guerres sans fin », déçue par des alliés ingrats, aspirant à se recentrer sur elle-même pour affronter le seul adversaire à sa mesure : la Chine. Dans cette vision, Trump représenterait la nouvelle normalité américaine, une évolution que la France aurait comprise avant les autres, et à laquelle il faudrait s’adapter sans plus attendre.

L’analyse est intéressante dans ce qu’elle révèle des priorités françaises, mais elle reste réductrice. Plus grave, elle risque de devenir déterministe si elle fait du trumpisme le seul horizon d’une politique américaine pourtant bien incertaine. Cette vision est d’ailleurs loin d’être partagée par nos partenaires européens, ce qui nuit à notre capacité d’entraînement pour construire une Europe souveraine.

Une continuité Obama-Trump ?

Pour autant, elle ne manque pas d’arguments. La présidence Trump est bien l’incarnation d’une Amérique qui s’interroge sur les objectifs de sa politique internationale et sur son rôle dans le monde. Les doutes et les divisions quant aux interventions militaires, au rôle des alliés, et à la possibilité d’un « désengagement » traversent les deux grands partis. Il faut reconnaître à Donald Trump d’avoir provoqué le plus large débat américain sur la politique étrangère depuis plusieurs décennies. D’autres éléments de continuité existent entre les présidences Obama et Trump : critique de l’establishment washingtonien en matière de politique étrangère, insistance pour un nouveau partage du fardeau transatlantique, réorientation des priorités vers la Chine, et volonté de mettre fin aux engagements militaires de longue durée au Moyen-Orient.

« En concevant un trumpisme de temps long, la France s’est mieux préparée à une réélection du président américain que beaucoup de ses voisins »

Une vision qui peut cependant devenir simplificatrice et, à terme, conduire à de mauvaises interprétations et anticipations. D’abord, parce que la continuité Obama-Trump est plus complexe qu’il n’y paraît, et qu’elle ne saurait prédire des choix futurs des administrations américaines. En France, le traumatisme de l’été 2013, lorsque la « ligne rouge » fixée sur la Syrie n’a pas été respectée par Barack Obama, est perçu comme l’illustration-clé d’une volonté de « retrait » des Etats-Unis, qui continue aujourd’hui sous Donald Trump. Cet épisode n’a pas la même valeur dans l’analyse que font nos voisins européens. Car si les politiques étrangères d’Obama et de Trump font écho aux mêmes inquiétudes dans la population américaine, l’ancien et le nouveau président ne partagent pas la même analyse du monde, et ne proposent pas la même réponse.

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