En Argentine, mort du juge fédéral Claudio Bonadio, ennemi juré du kirchnérisme

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Le juge Claudio Bonadio, à Buenos Aires, en mai 2016.
Le juge Claudio Bonadio, à Buenos Aires, en mai 2016. ALFREDO LUNA / AFP

Cristina Fernandez de Kirchner l’accusait régulièrement d’« acharnement » et de « persécution politique ». Le juge Claudio Bonadio, mort mardi 4 février des suites d’une opération d’une tumeur au cerveau en 2019, a de fait montré une certaine persistance à poursuivre en justice l’ex-présidente argentine (2007-2015), désormais vice-présidente du péroniste Alberto Fernandez (au pouvoir depuis le 10 décembre 2019).

La carrière très médiatique du magistrat a été marquée par de nombreuses polémiques : nommé juge fédéral par l’ex-président Carlos Menem (1989-1999) sur la recommandation de son secrétaire à la présidence Carlos Corach – celui-ci aurait inscrit le nom de Bonadio parmi une liste de magistrats « fidèles au gouvernement » sur une serviette de table –, Claudio Bonadio a notamment enquêté pendant plusieurs années sur l’attentat contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), qui a fait 85 morts en 1994, avant d’être écarté de l’affaire en 2005, car jugé trop partial.

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Mais le magistrat était surtout vu comme une figure de proue de l’antikirchnérisme (du nom de Nestor Kirchner, président de 2003 à 2007, mort en 2010, à qui succéda son épouse Cristina Fernandez). C’est lui qui a instruit la plupart des enquêtes judiciaires visant l’ex-présidente et ses proches.

C’est M. Bonadio qui dirige, en 2014, l’enquête sur de possibles malversations financières et mène une série de perquisitions au sein de Hotesur, un complexe hôtelier détenu par la famille Kirchner en Patagonie. L’affaire, qui sera ensuite reprise par un autre magistrat, a débouché en 2019 sur la mise en examen de Mme Fernandez pour blanchiment d’argent et association de malfaiteurs.

Début 2016, alors que Cristina Fernandez a cédé quelques mois plus tôt la présidence au libéral Mauricio Macri (2015-2019), Claudio Bonadio prononce la mise en examen de celle-ci dans l’affaire dite du « dolar futuro », dans laquelle il accuse la Banque centrale argentine d’avoir réalisé une opération de spéculation financière à travers la vente de dollars sur les marchés à terme juste avant l’arrivée au pouvoir de M. Macri.

Cumul d’affaires

C’est encore Claudio Bonadio qui poursuit Cristina Fernandez pour entrave à la justice et trahison à la patrie – un chef d’accusation abandonné par la suite par la chambre fédérale – dans le cadre de l’enquête sur l’attentat contre l’AMIA. Il reprend ainsi les accusations d’Alberto Nisman, procureur mort en janvier 2015 – dont les circonstances du décès n’ont toujours pas été éclaircies – qui avait, trois jours avant sa mort, accusé Cristina Fernandez d’avoir cherché à minimiser l’implication de l’Iran dans l’attentat à travers la signature d’un mémorandum d’accord avec Téhéran, dans le but d’obtenir des contrats commerciaux avec ce pays.

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