En Inde, la religion s’invite dans l’assiette des écoliers

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Repas d’écoliers dans une école de Madkheda, dans l’Etat de Madhya Pradesh en Inde, en 2015.
Repas d’écoliers dans une école de Madkheda, dans l’Etat de Madhya Pradesh en Inde, en 2015. SAURABH DAS / AP

LETTRE DE NEW DELHI

Faut-il ajouter des œufs dans l’alimentation des très jeunes enfants pour lutter contre la malnutrition ? Le débat qui agite l’Inde depuis plusieurs années a été relancé par le gouvernement du Madhya Pradesh. Cet Etat du centre du pays, dont la capitale est Bhopal, a décidé d’introduire trois fois par semaine à partir d’avril cet aliment dans le menu des enfants de 1 à 6 ans et des mères allaitantes dans les « anganwadis », des crèches-écoles rurales qui assurent éducation et soins.

La question n’a rien de théorique : la malnutrition est un fléau dans le Madhya Pradesh, où 43 % des enfants de moins de 6 ans présentent un déficit pondéral (faible poids par rapport à l’âge), 42 % accusent retard de croissance et 26 % sont en état d’émaciation (faible poids par rapport à la taille) ou de malnutrition aiguë. Les chiffres sont encore plus préoccupants parmi les populations tribales et les basses castes.

Carences

Les partisans du changement de diète mettent en avant les qualités nutritives de l’œuf (protéines, vitamine B12, lipides) et ses avantages pratiques. Nul besoin de réfrigération, une conservation longue durée et peu de risque de manipulation comme avec le lait, parfois dilué à l’eau ou même frelaté. Autre avantage, son coût, relativement abordable.

Dans les foyers pauvres, les assiettes contiennent essentiellement du riz et du blé – les fruits, les légumes verts et les légumineuses sont rares, exposant les enfants à des carences en vitamines, protéines, minéraux, qui peuvent entraîner des troubles du développement du cerveau. Les enfants sous-alimentés et anémiques sont davantage sujets à la maladie et aux infections ; ils ont toutes les chances de ne pas faire d’études et d’occuper les emplois les moins qualifiés et les moins rémunérés. Au problème de nutrition s’ajoute chez les pauvres celui de l’hygiène et de l’accès à une eau de qualité qui peuvent également affecter la croissance et le développement des enfants.

Plus d’une dizaine d’Etats indiens dans le sud et l’est pratiquent déjà cet apport en œufs. Mais les régions du nord et de l’ouest, où l’implantation des nationalistes hindous est importante, sont réticentes.

Végétarisme

Comme toujours en Inde, le débat entremêle religion et politique. Le Bharatiya Janata Party (BJP), la formation du premier ministre indien Narendra Modi, lui-même végétarien, pourfend l’initiative du chef du gouvernement du Madhya Pradesh, Kamal Nath, membre du Congrès, le principal parti d’opposition. Lorsqu’il dirigeait l’Etat en 2015, le BJP avait refusé l’introduction des œufs et proposé à la place du lait et des bananes. Ses dirigeants accusent Kamal Nath de vouloir promouvoir le non-végétarisme et de contrevenir à la culture hindoue. « Les enfants qui mangent de la viande et des œufs dans leur enfance risquent de devenir des cannibales plus tard », a soutenu un leader local du BJP.

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