Le génocide rwandais, sœur Gertrude et sa conscience

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Publié aujourd’hui à 01h13, mis à jour à 01h26

Le livre est là, entre deux pots de confiture et des chaussons pour bébés : Rwanda 1994. La parole de sœur Gertrude (éditions Saint-Augustin, 2018). Visage rond et regard limpide, l’intéressée sourit sur la couverture de ce témoignage, en vente dans la boutique d’artisanat de l’abbaye belge de Maredret. Avec sa coiffe sombre et ses cheveux grisonnants, sœur Gertrude a l’air parfaitement inoffensive. On lui donnerait le bon Dieu sans confession.

En 2001, pourtant, la justice belge n’a pas été de cet avis. A l’issue d’un procès de plusieurs semaines, la cour d’assises de Bruxelles condamne Consolata Mukangango, sœur Gertrude en religion, à quinze ans de réclusion pour son implication dans les massacres perpétrés autour du couvent rwandais de Sovu, dont elle était la supérieure. Pour la première fois en Belgique, quatre citoyens rwandais, dont deux religieuses, sont reconnus coupables d’avoir participé plus ou moins directement au génocide des Tutsi, au printemps 1994.

Libérée à la moitié de sa peine, sœur Gertrude a regagné l’abbaye de Maredret, près de Namur, maison mère de son ordre bénédictin. Elle y défend aujourd’hui une version des faits fort différente de celle sanctionnée en 2001 par la justice.

Un homme lui apporte une aide inattendue : Jérôme Gastaldi, cadre supérieur dans une société internationale basée au Luxembourg. Franc-maçon soucieux d’« équité », ce Français installé à la frontière belgo-luxembourgeoise est sincèrement convaincu de l’innocence de son amie. C’est lui qui a recueilli sa « parole » pour le livre.

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Mais qui est vraiment sœur Gertrude ? Ce matin de janvier, lorsqu’elle vient ouvrir la porte de l’abbaye, son sourire est celui d’une religieuse affable, emmitouflée dans des superpositions de vêtements serrés autour d’elle. C’est qu’il fait frisquet dans cette immense bâtisse néogothique, grise au milieu d’une forêt grise. Le long des couloirs, des moniales originaires du Rwanda, du Congo ou de Madagascar promènent leurs mines frigorifiées. Elles sont dix-neuf, sous la houlette de mère Bénédicte, une vieille Alsacienne aux traits délicats qui s’excuse de ne pas se souvenir de tout.

Ici, c’est plutôt sœur Gertrude qui fait tourner la boutique, croit-on comprendre. Elle qui répare la chaudière, organise l’accueil des groupes, dirige les ventes d’artisanat et cherche désespérément les fonds pour chauffer ce lieu glacial. A ses moments perdus, elle prend des cours d’orgue à l’abbaye voisine de Maredsous, où vivent des moines bénédictins.

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