En Inde, un film de guerre flatte le nationalisme hindou

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Le regain de tensions entre New Delhi et Islamabad contribue à l’immense succès de « Uri : The Surgical Strike ». A Bollywood, plusieurs longs-métrages relaient le discours politique du Bharatiya Janata Party, le parti au pouvoir.

Par Guillaume Delacroix Publié aujourd’hui à 07h15

Temps de Lecture 6 min.

« Uri : The Surgical Strike » relate les frappes « chirurgicales » perpétrées en septembre 2016 par l’armée indienne contre des « terroristes » musulmans en territoire pakistanais.
« Uri : The Surgical Strike » relate les frappes « chirurgicales » perpétrées en septembre 2016 par l’armée indienne contre des « terroristes » musulmans en territoire pakistanais. ZEE STUDIOS / EVERETT COLLECTION / ABACA

Même dans ses rêves les plus fous, le parolier et compositeur indien Aditya Dhar n’aurait jamais imaginé pareille promo. Un mois après la sortie de son premier film en tant que réalisateur, Uri : The Surgical Strike, qui relate les frappes « chirurgicales » perpétrées en septembre 2016 par l’armée indienne contre des « terroristes » musulmans en territoire pakistanais, la rhétorique guerrière entre les deux pays ennemis d’Asie du Sud repartait de plus belle.

Après une attaque suicide au Cachemire le 14 février, revendiquée par le groupe islamiste Jaish-e-Mohammad (JeM), basé au Pakistan, des avions de chasse indiens ont violé l’espace aérien du Pakistan le 26 février, et bombardé un camp d’entraînement des combattants de JeM.

Soldats toujours propres sur eux

Alors qu’il effectuait déjà un parcours « glorieux » au box-office, le film militaire d’Aditya Dhar s’est mis à attirer des foules « phénoménales », pour reprendre les qualificatifs de Times of India, engendrant des recettes qui feront date à Bollywood (2,4 milliards de roupies, soit plus de 30 millions d’euros), pour une production au budget modeste (3,5 millions d’euros).

La bande-annonce de Uri : The Surgical Strike

Uri : The Surgical Strike, avec le très viril Vicky Kaushal dans le rôle principal, flatte la fibre nationaliste indienne de manière assez grossière. Il met en scène des soldats hindous et sikhs toujours propres sur eux, équipés d’armements dernier cri, face auxquels les activistes islamistes, accusés d’être soutenus par l’armée pakistanaise, passent pour de piètres amateurs.

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Le film montre surtout la détermination avec laquelle le premier ministre actuel, Narendra Modi, et les membres les plus éminents de son gouvernement, joués par de mauvais sosies, auraient tenu la dragée haute à leurs homologues d’Islamabad durant cet épisode. Alors qu’en Inde, les élections générales doivent avoir lieu en avril et mai, tout cela fleure la propagande à plein nez.

Une hagiographie du premier ministre

Dès le mois de janvier, Narendra Modi avait profité de l’inauguration du nouveau Musée national du cinéma indien, à Bombay, pour reprendre à son compte le cri de ralliement des soldats d’Uri : The Surgical Strike qui circulait déjà sur les réseaux sociaux : « How’s the josh ? » (« comment est votre ferveur ? »). Ce à quoi le public, présent à la cérémonie, avait répondu comme un seul homme au chef du gouvernement, candidat à sa réélection en mai : « High, Sir ! » (« élevée, M. »).

Uri : The Surgical Strike n’est pas le seul film à servir la cause de Modi. Ainsi en est-il de The Accidental Prime Minister, adaptation par Vijay Ratnakar Gutte d’un portrait à charge de Manmohan Singh, l’homme du Parti du Congrès qui a gouverné l’Inde durant dix ans (2004-2014). Ce dernier y est décrit comme la marionnette de la famille Nehru-Gandhi, bête noire du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir. La formation a même posté la bande-annonce sur son compte Twitter. Autre exemple, Thackeray, d’Abhijit Panse, un biopic sur le fondateur du Shiv Sena (SHS), parti hindou d’extrême droite de Bombay, allié au BJP pour les législatives.

Le 15 mars, c’est une hagiographie de Narendra Modi qui sera à l’affiche, Mere Pyare Prime Minister (« mon cher premier ministre »), de Rakeysh Omprakash Mehra. Et en avril, l’opposition ripostera avec la sortie de My Name is RaGa, signé Rupesh Paul, à la gloire du président du Congrès, Rahul Gandhi, lequel espère faire revenir la gauche aux commandes du pays. De quoi laisser de marbre le public pakistanais, pourtant fan de Bollywood : à Islamabad, les autorités ont annoncé le boycott de tous les films indiens jusqu’à nouvel ordre.

La bande-annonce de Mere Pyare Prime Minister (« mon cher premier ministre »)

Guillaume Delacroix (Bombay , correspondance)



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