Aux origines coloniales de la crise écologique

0
119

[ad_1]

Par

Publié aujourd’hui à 03h09

SERGIO AQUINDO

C’est une petite phrase qui n’a pas manqué de faire réagir les nombreux critiques de Greta Thunberg, la jeune égérie suédoise du combat contre le dérèglement climatique. Le 9 novembre 2019, une tribune intitulée « Why we strike again » (« Pourquoi nous sommes à nouveau en grève »), dont elle est une des trois signataires, affirme que « la crise climatique ne concerne pas seulement l’environnement. C’est une crise des droits humains, de la justice et de la volonté politique. Les systèmes d’oppression coloniaux, racistes et patriarcaux l’ont créée et alimentée. Nous devons les démanteler. » « Nos dirigeants politiques ne peuvent plus fuir leurs responsabilités », poursuit ce texte, reprenant là l’un des arguments avancés par l’écologie décoloniale : la crise climatique serait liée à l’histoire esclavagiste et coloniale de la modernité occidentale.

Économie d’extraction

Dès les années 1970, des chercheurs afro-américains ont fait le lien entre la question écologique et la colonisation. « La véritable solution à la crise environnementale est la décolonisation des Noirs », écrit Nathan Hare en 1970. Cinq ans plus tard, le sociologue Terry Jones parle, lui, d’« écologie d’apartheid ». Cette approche sera développée dans les années 1990 par les penseurs décoloniaux latino-américains présents dans les universités américaines, tels Walter Mignolo à Duke (Caroline du Nord), Ramón Grosfoguel à Berkeley (Californie) ou Arturo Escobar à l’université de Caroline du Nord. Tout récemment en France, des chercheurs s’efforcent de démontrer que la traite négrière, la servitude et la conquête puis l’exploitation des colonies ont permis au capitalisme de se structurer comme une économie d’extraction. Cette manière destructrice d’habiter la Terre serait responsable d’une nouvelle ère géologique du fait de l’activité humaine industrielle baptisée anthropocène.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Arturo Escobar, pourfendeur du développement

« Le véritable début de l’anthropocène serait la conquête européenne de l’Amérique. Cet événement historique majeur, dramatique pour le peuple amérindien et fondateur d’une économie monde capitaliste, a en effet laissé sa marque dans la géologie de notre planète. La réunification des flores et des faunes de l’Ancien et du Nouveau Monde aura bouleversé la carte agricole, botanique et zoologique du globe, mêlant à nouveau des formes de vie séparées deux cents millions d’années plus tôt avec la dislocation de la Pangée et l’ouverture de l’océan Atlantique », notent les chercheurs Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz dans leur ouvrage L’Evénement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous (Seuil, 2013) en évoquant les travaux des géographes britanniques Simon Lewis et Mark Maslin.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: