la croisade sélective du président angolais Lourenço contre la corruption

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Le président angolais, Joao Lourenço, lors d’un forum économique à Moscou, le 3 avril 2019.
Le président angolais, Joao Lourenço, lors d’un forum économique à Moscou, le 3 avril 2019. ALEXANDER NEMENOV / AFP

Depuis son arrivée à la tête de l’Angola en septembre 2017, le président Joao Lourenço réduit méthodiquement l’emprise du clan de son prédécesseur, José Eduardo dos Santos, dont il fut le dernier ministre de la défense. Général à la retraite de 65 ans formé en Union soviétique, « JLo » a évolué au cœur du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le tout puissant parti-Etat au pouvoir depuis l’indépendance en 1975. Il en a arraché, fin 2018, la présidence à dos Santos qui a vu les membres de son clan, riches à milliards, se retrouver éjectés du parti, en exil ou dans les filets de la justice angolaise.

Lire notre enquête sur les « Luanda Leaks » : « Luanda Leaks » : la mainmise d’Isabel dos Santos, la femme la plus riche d’Afrique, sur les finances de l’Angola

Fragilisé par une profonde crise économique, le nouveau régime s’est lancé dans une vaste lutte anticorruption qui a l’avantage de dépecer l’empire de son prédécesseur, tout en améliorant sa crédibilité auprès des partenaires occidentaux et des institutions financières.

« Joao Lourenço était perçu par le bureau politique du MPLA comme celui qui pourrait sauver l’héritage politique d’un parti qui se considère comme le seul représentant légitime de la nation angolaise. Et ainsi conserver le pouvoir et les énormes ressources financières de l’Etat », commente Didier Péclard, analyste politique au Global Studies Institute de l’université de Genève.

Reste que José Eduardo dos Santos « a franchi une ligne rouge au milieu des années 2000 lorsqu’il a substitué son clan “biologique”, sa famille directe, au clan politique au sein duquel s’étaient jusque-là répartis des postes-clés de l’Etat et de l’économie. Isabel dos Santos, elle, illustre la relation d’amour-haine que de nombreux Angolais ont à l’égard du clan dos Santos : si elle a pu incarner une certaine fierté nationale par sa réussite, notamment en rachetant des parts importantes de fleurons de l’économie de l’ancienne puissance coloniale, elle est surtout devenue le symbole le plus évident de la corruption et du népotisme du régime dos Santos ».

Assainir l’économie

Cette croisade contre la corruption semble néanmoins nécessaire pour assainir l’économie et rapatrier des fonds détournés. Elle reste toutefois sélective et épargne quelques figures du MPLA et de richissimes caciques ralliés à Lourenço.

Parmi ces derniers, certains ont choisi de négocier une restitution des avoirs, et 5 milliards de dollars ont été récupérés en deux ans. Toutefois, M. Lourenço pourrait bien réorganiser à son profit une élite recomposée, tant au MPLA que chez des opérateurs économiques qui vont se voir distribuer les actifs saisis et les contrats rompus avec Isabel dos Santos. 

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