Plaza Italia, cœur de la contestation chilienne

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JOAO PINA POUR “LE MONDE”

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Publié aujourd’hui à 14h26

Passé midi, alors qu’une chaleur sèche s’abat sur Santiago, la capitale du Chili, la plaza Italia se remplit de grappes de manifestants. Beaucoup ont le visage couvert – ce sont les encapuchados, les « cagoulés », accusés par le gouvernement de Sebastián Piñera, le président de droite, d’être les principaux fauteurs de troubles. Munis d’extincteurs, ils se jettent au milieu des voitures et projettent une épaisse fumée blanche, plus photogénique que celle, translucide mais redoutable, des bombes lacrymogènes de la police. Les carabineros en ont tant tiré depuis le début de la contestation, mi-octobre 2019, que lorsqu’une rafale de vent soulève la terre, dénudée depuis que les pavés ont été arrachés, cela suffit à dégager des relents de gaz qui prennent à la gorge.

Sur la place, les manifestants scandent « Chile desperto » (le Chili s’est réveillé !) ou entonnent « El pueblo unido jamas sera vencido » (le peuple uni ne sera jamais vaincu), chanson symbole de la résistance à la dictature du général Augusto Pinochet, qui a pris le pouvoir après le putsch militaire du 11 septembre 1973, appuyé par les Etats-Unis. La trahison du général, suivie du suicide du président socialiste Salvador Allende retranché dans le palais bombardé de la Moneda, a mis fin à près de quarante ans de démocratie républicaine.

Sur ce graffiti, on peut lire : « Ils veulent que nous soyons aveugles. »
Sur ce graffiti, on peut lire : « Ils veulent que nous soyons aveugles. » JOAO PINA POUR “LE MONDE”

S’ensuivirent près de dix-sept années de dictature qui, sous prétexte d’éliminer le communisme, supprima toutes les instances démocratiques du pays. Le Parlement fut dissous, les stades transformés en lieux de concentration, les partis d’opposition interdits, la torture institutionnalisée. La dictature a officiellement pris fin en 1990, mais, trente ans plus tard, l’ampleur inédite de la contestation actuelle, déjà précédée de mouvements étudiants, notamment en 2011, lors du premier mandat de Sebastián Piñera, puis de manifestations contre le système privé des retraites en 2016, sous la présidence de Michelle Bachelet (Parti socialiste), illustre les difficultés du Chili à réaliser sa transition démocratique.

L’héritage de la dictature de Pinochet

Les immenses rassemblements sur la plaza Italia qui ont marqué quotidiennement ce « réveil » chilien se concentrent désormais les vendredis soir. Des milliers de manifestants convergent alors vers ce point névralgique de la capitale, arborant des bannières aux couleurs aussi variées que leurs revendications : le jaune pour protester contre les sociétés d’administration des fonds de pension (AFP), système de retraite qui fonctionne sur le principe de capitalisation individuelle, les foulards verts des militants pour le droit à l’avortement, le drapeau du peuple autochtone mapuche…

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