Le philosophe britannique Roger Scruton, figure de la pensée conservatrice, est mort

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Roger Scruton.  au festival d’Edimbourg, en août 2014.
Roger Scruton.  au festival d’Edimbourg, en août 2014. Avalon / Starface

Depuis son manoir du Wiltshire, dans le sud-ouest de l’Angleterre, il incarnait le conservatisme tant par ses idées que par la vie qu’il avait choisi de mener. Roger Scruton, éminent philosophe britannique, sans doute le plus influent des quarante dernières années, est mort dimanche 12 janvier chez lui, dans le village de Brinkworth.

Connu du grand public pour certaines de ses prises de position qui firent de lui une figure controversée outre-Manche, il laisse une œuvre riche, touchant des domaines aussi variés que l’esthétique, la musique, l’histoire des idées, l’environnement, l’identité anglaise, tout en s’aventurant sur des terrains plus surprenants, tel le désir sexuel ou la chasse à courre au renard. A travers ses écrits théoriques, journalistiques ou de fiction, il tentait de faire revivre une tradition perdue, celle d’une philosophie littéraire.

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Né le 27 février 1944 à Buslingthorpe (Lincolnshire, est de l’Angleterre), dans une famille de la classe ouvrière, Roger Scruton développe grâce à son père un goût pour l’architecture et la campagne anglaise. Adolescent, il se plonge dans la littérature, dévore Kafka, Rilke et T. S. Eliot, son auteur favori. C’est en marchant dans les pas de ce poète francophile qu’il se prend d’intérêt pour la littérature française. Si bien qu’après avoir étudié la philosophie analytique à Cambridge, une formation qui lui apprit, selon ses dires, à repérer « le baratin », il part pour la France.

Présent à Paris en 1968, il a vécu, au cours des événements de mai, ce qu’il appelait une « conversion ». Lui qui venait d’une famille de gauche et qui était encore étudiant s’est « soudainement retrouvé du côté opposé des barricades, laissant derrière tous ceux que je connaissais ». Face à une jeunesse aisée qui jouait, selon lui, à se rebeller, il s’est tout à coup senti conservateur, n’appréciant guère le discours révolutionnaire, le « charabia marxiste » des étudiants et l’empressement à faire table rase du passé.

Conservatisme culturel

De retour en Angleterre, il épouse sa première femme, Danielle Lafitte, une étudiante française rencontrée à Pau, où il a enseigné, puis termine sa thèse sur l’art et l’imagination. Devenu professeur de philosophie, il participe à la fondation du Conservative Philosophy Group, un cercle de réflexion qui admettra en son sein Enoch Powell, un parlementaire de sombre réputation, héraut de la droite populiste.

A cette époque, Roger Scruton croise également Margaret Thatcher, avant qu’elle ne soit élue première ministre en 1979. Il fait paraître l’année suivante The Meaning of Conservatism (St. Augustine’s Press, 1980, non traduit). Dans cet ouvrage, il distingue ce courant de pensée du libéralisme en insistant sur son attachement aux traditions et aux allégeances qui lient les hommes les uns aux autres. La liberté ne vaut pas par elle-même, explique-t-il, mais parce qu’elle permet à chacun de s’inscrire dans une continuité. Ce conservatisme partage avec la « révolution conservatrice » emmenée par Ronald Reagan et Margaret Thatcher une même méfiance envers l’Etat. Roger Scruton déplore cependant le trop grand rôle qu’accorde la « dame de fer » au marché. Les coutumes doivent pouvoir contenir les forces que celui-ci libère, estime le philosophe, sinon, la concurrence instaurée entre les êtres diffuse dans la société une instabilité délétère. C’est un conservatisme culturel que prône Roger Scruton.

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