Paris face aux nouveaux défis du djihad sahélien

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Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali, Roch Marc Christian Kaboré, président du Burkina Faso, Mahamadou Issoufou, président du Niger, Idriss Déby, président du Tchad, Mohamed Ould El-Ghazaouani, président de la Mauritanie, et Emmanuel Macron, président de la France (de gauche à droite), à une réunion du G5 Sahel à Pau, lundi 13 janvier 2020.
Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali, Roch Marc Christian Kaboré, président du Burkina Faso, Mahamadou Issoufou, président du Niger, Idriss Déby, président du Tchad, Mohamed Ould El-Ghazaouani, président de la Mauritanie, et Emmanuel Macron, président de la France (de gauche à droite), à une réunion du G5 Sahel à Pau, lundi 13 janvier 2020. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Editorial du « Monde ». Sept ans après la décision de François Hollande d’envoyer les soldats français dans le nord du Mali pour empêcher les groupes islamistes de prendre le contrôle du pays, il était temps de redéfinir et de clarifier les objectifs de l’opération « Barkhane » qui a pris le relais. La réunion à Pau, lundi 13 janvier, des dirigeants du G5 Sahel, (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad), partenaires de Paris a pris acte de la profonde mutation de la menace et de la nécessité de redimensionner et de relocaliser leur intervention dans un contexte de plus en plus complexe et périlleux pour la France.

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Le sommet, initialement prévu le 16 décembre 2019, était pourtant mal parti. Au lendemain de la mort de treize soldats français au combat, le 25 novembre, les chefs d’Etat africains avaient eu la mauvaise impression d’être convoqués par Emmanuel Macron à Pau, garnison d’origine de sept des victimes, eux dont les armées déplorent des centaines de morts. Opportunément reportée à la suite d’une attaque de djihadistes contre une caserne nigérienne, la réunion de Pau s’est finalement tenue sur des bases relativement assainies : réaffirmation par les cinq dirigeants africains de leur demande d’intervention de la France d’un côté ; redéfinition des objectifs de « Barkhane » et volonté d’élargissement à de nouveaux partenaires de l’autre.

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Mais l’apaisement des tensions nourries par la montée de discours antifrançais dans les pays du Sahel ne fait pas illusion : il ne s’agit plus d’empêcher des djihadistes étrangers de se ménager un sanctuaire dans le nord du Mali, mais de lutter contre des combattants locaux utilisant la rhétorique islamiste pour asseoir leur emprise sur la population et prendre le pouvoir dans trois pays. La menace n’en est que plus préoccupante. Enracinée et autochtone, elle prospère désormais sur des conflits communautaires parfois ancestraux, mettant l’armée française en porte-à-faux.

Le piège est en train de se refermer

Les salafistes sahéliens, même si leurs conceptions religieuses heurtent les traditions locales, exploitent les conflits fonciers entre agriculteurs et pasteurs, mettent en cause les profits que tirent les chefs traditionnels du contrôle des allées et venues, y compris les trafics d’armes, de migrants et de drogue, et exploitent le sentiment d’injustice qu’éprouvent les catégories défavorisées de la population considérées comme des esclaves. Ce djihad-là met en cause la corruption des pouvoirs centraux et l’incapacité des gouvernants africains à assurer le minimum des prérogatives d’un Etat : sécurité, justice, santé, éducation.

Comment les soldats français pourraient-ils arbitrer pareils contentieux locaux sans apparaître comme les complices de régimes impopulaires et corrompus ? Paris espère s’en sortir en quittant le nord du Mali – où les Français sont accusés de complicité avec les revendications irrédentistes des Touaregs – pour se redéployer dans la région du Liptako, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, où se concentre désormais la menace.

Pourtant, le piège est en train de se refermer : poursuivre le combat accroît le risque d’enlisement et de compromission avec des armées locales prédatrices. Mais se retirer serait pire encore, livrant les pays du Sahel et leurs populations au chaos et à l’emprise d’une dictature religieuse, avec ses conséquences en matière d’immigration et de terrorisme. Il faudra plus qu’un sommet du G5 pour lever les malentendus d’un chaos sahélien auquel il n’existe pas de bonne solution, en dehors du soutien à la construction de démocraties africaines enfin respectueuses de toutes les composantes de la population.

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Le Monde

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