En Slovaquie, les aveux du tueur du journaliste Jan Kuciak

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Le tireur, Miroslav Marcek, le 19 décembre 2019 à Pezinok.
Le tireur, Miroslav Marcek, le 19 décembre 2019 à Pezinok. Radovan Stoklasa / REUTERS

A l’échelle de la petite Slovaquie, tout paraît démesuré dans le procès qui s’est ouvert lundi 13 janvier au tribunal de Pezinok, à vingt kilomètres au nord de la capitale, Bratislava. Plus grande salle d’audience jamais mise en place, nombre record de journalistes accourus de toute l’Europe, forces de police armées jusqu’aux dents… Le pays d’Europe centrale a mis en place des moyens considérables pour juger le crime le plus retentissant de son histoire démocratique : l’assassinat du jeune journaliste d’investigation Jan Kuciak, et de sa compagne, le 21 février 2018 à leur domicile.

Ce double meurtre avait choqué les Slovaques, descendus dans les rues pour demander le départ de leur premier ministre alors au pouvoir, Robert Fico, accusé d’avoir laissé proliférer la corruption et la mafia en toute impunité. Près de deux ans plus tard, sur les bancs des accusés, en plus des deux assassins présumés et d’une intermédiaire, comparaît Marian Kocner, un homme d’affaires qui comptait jusqu’ici parmi les plus puissants du pays. A 56 ans, il est suspecté d’avoir ordonné l’assassinat du reporter, qui avait notamment publié plusieurs enquêtes sur ses acquisitions immobilières douteuses.

Or, l’enquête a révélé que M. Kocner entretenait aussi des correspondances secrètes avec une bonne partie des élites politiques et judiciaires slovaques, qu’il menaçait ou corrompait à sa guise depuis des années. Alors que la Slovaquie est actuellement en campagne pour les élections législatives du 29 février, tout le pays est donc branché sur l’école des juges de Pezinok, exceptionnellement transformée en salle de tribunal. Pieds enchaînés et mains menottées, M. Kocner y comparaît dans un costume-cravate qui tranche avec le sweat-shirt à capuche des autres prévenus.

Un procès « inéquitable »

A l’occasion de la première journée d’audience, il s’est très peu exprimé, si ce n’est pour se proclamer « innocent ». « L’acte d’accusation est flou et non fondé », a dénoncé son avocat en parlant d’un procès « inéquitable ». Longuement détaillé par les procureurs, celui-ci est pourtant accablant. Il s’appuie notamment sur les aveux d’un intermédiaire qui a négocié une peine réduite de quinze ans de prison en échange de sa collaboration et de ceux du tireur Miroslav Marcek, qui a admis dès l’ouverture de l’audience sa responsabilité dans le crime en exprimant ses « regrets » auprès des familles des victimes.

Cet ex-militaire de 37 ans a raconté dans le détail ses actes, organisés avec son cousin, un ancien policier qui a, lui, refusé de reconnaître sa culpabilité. Les deux hommes auraient agi sur commande d’un intermédiaire qui « nous a dit que Kuciak avait écrit quelque chose qu’il ne devait pas écrire ». « Au début, il nous a demandé de l’enlever et de l’enterrer pour qu’on ne puisse pas retrouver son corps, mais on s’est vite rendu compte que c’était impossible de transporter quelqu’un de force dans une voiture de nos jours, avec toutes les caméras de surveillance. » Après plusieurs journées de repérages autour du domicile du couple et une tentative avortée, M. Marcek décide finalement d’agir le 21 février 2018 au soir. « J’ai frappé à la porte, Kuciak m’a ouvert, je lui ai tiré une balle en pleine poitrine. » Sa compagne est, elle, abattue dans la cuisine, alors qu’elle ne faisait pas partie du « contrat ». « Je n’étais pas cagoulé et elle avait vu mon visage », a justifié le tireur.

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