La mort du cinéaste tchèque Ivan Passer

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Ivan Passer, à Locarno (Suisse), en 2006.
Ivan Passer, à Locarno (Suisse), en 2006. LISA MAIRE / AP

De Prague à Hollywood, le parcours d’Ivan Passer fut tout autant particulier, sinon singulier, que discret. Comment un talent prometteur, révélé par le « printemps de Prague », devint un des cinéastes hollywoodiens les plus passionnants, quoique aussi un des plus secrets, au cœur d’une période particulièrement féconde du cinéma américain dans l’espace laissé libre par le déclin des studios ? Le cinéaste est mort à Reno, dans le Nevada, le 9 janvier.

Il est né le 10 juillet 1933 à Prague. Après des études classiques peu concluantes (il est expulsé du lycée, puis de l’Ecole des hautes études cinématographiques), il traîne dans le milieu du cinéma, où il exerce divers métiers. Il est assistant réalisateur durant plusieurs années. Sa rencontre avec Milos Forman sera déterminante. Il deviendra son scénariste et cosignera L’Audition, réalisé en 1963, Les Amours d’une blonde (1965) et Au feu les pompiers (1967). Les deux hommes incarnent exemplairement l’émergence pleine d’espoir d’un jeune cinéma, délibérément plus libre, plus ironique, plus critique aussi, une nouvelle vague cinématographique rendue possible par ce qu’on a appelé « le printemps de Prague ».

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Le premier film de Passer, Eclairage intime, réalisé en 1965, constitue peut-être le chef-d’œuvre de cette « nouvelle vague » tchèque. Un professeur de musique d’une petite ville de province invite son ami, violoniste de renom, à passer quelques jours dans sa famille. Chronique de ce week-end arraché aux diktats du temps et de la société, divagation narrative, Eclairage intime capte la vie dans sa vérité enjouée et propose un portrait de groupe où la mélancolie, la perception du temps passé, le désir lui-même en quête d’un objet introuvable et joyeux, constituent les émotions exprimées dans ce film unique. A plus d’un titre d’ailleurs, puisque ce sera le seul long-métrage réalisé par Passer en Tchécoslovaquie. La fin brutale du « printemps de Prague », en août 1968, après l’intervention des forces du pacte de Varsovie, mettra fin à cette expérience de renouvellement cinématographique et Passer, à l’instar de son ami Milos Forman, partira aux Etats-Unis.

« Cutter’s Way », son chef-d’œuvre

Sa carrière américaine sera d’autant plus remarquable qu’elle se fera sans fracas. Passer va jouer, au cœur d’un système hollywoodien en pleine interrogation créative, une petite musique où la tragédie se mêle parfois à une sorte d’humour décalé. Né pour vaincre, en 1971, met en scène George Segal dans le rôle d’un coiffeur drogué, en quête de combines diverses pour se payer sa piqûre quotidienne. La Loi et la pagaille, en 1974, avec Ernest Borgnine, est une comédie absurde, pleine de ruptures de ton, sur le thème, si américain, de la justice personnelle et des milices privées.

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