Chagos: le côté obscur du 12 mars

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Ces Chagossiens sont autant, voire plus, attachés à leur drapeau qu'au quadricolore.

Ces Chagossiens sont autant, voire plus, attachés à leur drapeau qu’au quadricolore.

Selon la légende urbaine enseignée dans les écoles, la couleur rouge du quadricolore représente la lutte pour l’Indépendance. Même si cette version «édulcorée» de l’histoire est contestée, elle prend quand même tout son sens pour les Chagossiens. A chaque fois que l’Indépendance de Maurice est évoquée, ils ne peuvent éviter de penser au déracinement qu’ils ont vécu à cause de ce jour.

Ironie de l’histoire, Lyseby Elysé, la Chagossienne qui a ému La Haye, a été décorée par la République en ce 12 mars 2019 (Member of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean). 51 ans et un avis consultatif favorable de la Cour internationale de justice (CIJ) après, comment les Chagossiens vivent-ils l’Indépendance ?

Son grand-père, Ferdinand Mandarin, était le président du Comité social des Chagossiens, un des premiers groupes à demander non seulement le droit de retour sur l’archipel, mais aussi l’autonomie des Chagos. Aujourd’hui, Hansley Mandarin, son petit-fils, pense la même chose. Pour lui, le 12 mars le ramène invariablement aux histoires empreintes de douleurs que les grandes personnes se racontaient. Petit, ces voix lui parvenaient de derrière les portes. Parfois, elles étaient accompagnées de sourires tristes, d’autres fois, c’étaient des larmes… Il n’y comprenait pas grand-chose, mais à chaque fois, les histoires se terminaient avec une voix tremblante.

Les années sont passées, et à force d’entendre l’histoire de ses ancêtres, il a fini par comprendre. Dès lors, il n’a pas fallu longtemps à Hensley Mandarin pour reconstituer le puzzle. A cause de l’indépendance, ils ont été expulsés de chez eux. Tout un peuple parti en laissant tout derrière. «Ti zis dan lavantaz Moris sa. Nou pep pann gagnn narien ladan nou», avance-t-il.

Jamais personne ne leur a enseigné leur histoire

Si ces descendants de Chagossiens sont au courant de leur histoire, ils affirment que c’est à force d’entendre les anciens de leur communauté évoquer, avec nostalgie et tristesse, l’époque où ils pêchaient ou «pliss koko» sur l’archipel. «Jamais personne ne nous a enseigné notre histoire, même à l’école. On parlait de l’Indépendance sans relater les dessous de l’histoire, sans dire que nous avons été la monnaie d’échange pour le 12 mars 1968», s’indigne Isabelle Charlot, présidente du Chagossian Islanders Movement (CIM). Certes, lorsqu’elle était petite, comme tous ses amis, la fête de l’Indépendance était synonyme de gâteaux et alouda à l’école et elle s’amusait.

Mais au fur et à mesure que les années passaient, les anciens, oubliés des gouvernements successifs, perdaient de plus en plus espoir de rentrer chez eux. Leurs histoires étaient d’avantage accompagnées de larmes. C’est là qu’elle a compris et «que le jour de l’Indépendance est un jour de deuil pour nous».

«L’Indépendance a été obtenue grâce à nous. Mais comme personne ne se soucie de ni n’enseigne l’histoire de notre peuple, nos grands-parents étaient méprisés dès leur arrivée. Personne n’était au courant de leur sacrifice» poursuit la présidente du CIM.

«Jour de deuil» dit Bancoult ce matin

Olivier Bancoult, président du Chagossian Refugee Group, a prononcé exactement les mêmes mots ce mardi 12 mars lors l’assemblée générale du groupe au centre communautaire Lisette Talate à Pointe-aux-Sables. «Lé 12 mars enkor enn zur déy pu nu. N’importe qui se serait senti mal s’il avait été à notre place. En 1968, il y a eu des décisions qui ont été prises sans nous consulter», poursuit le président.

Quant à Allen Vincatassin, le président en exil, il estime que l’Indépendance de Maurice est une bonne chose, mais déplore le fait qu’elle ait été obtenue au détriment de son peuple, précisant qu’à cause du traitement réservé aux Chagossiens, il ne se sent pas Mauricien.

Une Indépendance incomplète

D’ailleurs, Liseby Elysé, celle qui avait ému le monde avec son témoignage à la CIJ, avait relaté que lorsque les «zilwa» avaient débarqué, la rumeur courait qu’ils «manz dimounn» et ils étaient ostracisés. «Nous avons déjà été utilisés, et nous ne voulons pas que l’histoire se répète», affirme Isabelle Charlot. C’est pour cette raison qu’elle souhaite que les Chagos soient autonomes et non sous la tutelle de Maurice.

D’ailleurs, les Chagos ont le «brain power» nécessaire pour s’auto gérer. Idem pour Hansley Mandarin. Selon eux, si quelqu’un doit décider de l’avenir de l’archipel, si la base peut rester ou pas, c’est à la communauté chagossienne et non à Maurice.

Souveraineté but du combat

Mais Olivier Bancoult est plus modéré. Il explique que pour l’heure, c’est la question de la souveraineté de Maurice qui doit être le but du combat. Quant à l’autonomie, il pense qu’il est trop tôt pour aborder la question. «Nous ne voulons pas dévoiler notre stratégie pour le moment. Tout ce que nous pouvons dire c’est qu’elle est en ligne avec la direction que veut prendre le gouvernement», affirme le leader du Groupe Réfugiés Chagos.

Dominique Pierre, qui est Chagossienne de la troisième génération, tient le même discours. Même si Maurice est indépendante, les Chagossiens n’ont eu qu’une «indépendance intérimaire». Alors que Maurice célèbre sa 51e année d’Indépendance, elle souhaite que le pays «dans toute sa splendeur, offre l’opportunité à tout le monde d’exister». Allen Vincatassin, lui, demande à ce que les conditions de vie de son peuple soient rétablies sur l’archipel avant le grand retour.


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Lexpress

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