une femme singulière face à la Chine de Xi Jinping

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Publié aujourd’hui à 15h27, mis à jour à 15h42

Cette femme est la bête noire de Xi Jinping. La chef d’un Etat qui, aux yeux du président chinois, n’existe pas. L’usurpatrice qui l’empêche d’accomplir sa « mission historique » : « réunifier » la République populaire de Chine et Taïwan, cette île où les nationalistes trouvèrent refuge lors de l’arrivée de Mao au pouvoir, en 1949, et dont les communistes n’ont jamais reconnu l’indépendance. Tsai Ing-wen vient pourtant d’être réélue au suffrage universel, samedi 11 janvier, présidente de la République de Chine – nom officiel de Taïwan – pour un second mandat de quatre ans.

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A 63 ans, Tsai Ing-wen est l’exacte opposée de Xi Jinping, de trois ans son aîné. Bien plus qu’un simple détroit, deux mondes les séparent. Lui est fils d’un « prince rouge », intime de Mao et de Deng Xiaoping ; elle est l’une des neuf enfants d’un riche garagiste de Taïwan. Lui est ingénieur chimiste, diplômé de Tsinghua, l’université de l’élite communiste ; elle est avocate, diplômée de l’université de Taipei, mais aussi de l’université Cornell (Etats-Unis) et de la London School of Economics (LSE). Lui ne jure que par Marx et par Mao, elle admire Margaret Thatcher et Angela Merkel. Lui a épousé une star de la chanson, elle garde le secret le plus absolu sur sa vie privée. Lui a traduit sa « pensée » politique en livres, elle a longtemps rechigné à s’exprimer en public.

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Surtout, Tsai Ing-wen symbolise, au sein même du monde chinois, la démocratie à l’occidentale, celle qui s’appuie sur les 23 millions de Taïwanais pour dire non à Pékin. Pas question d’être soumis demain au principe « un pays, deux systèmes », comme le sont aujourd’hui Macao et Hongkong. « Accepter serait trahir la confiance et la volonté du peuple de Taïwan », explique la présidente. Pour elle, la République de Chine est « une réalité » que Pékin doit accepter. « Les valeurs démocratiques sont les valeurs et le mode de vie que les Taïwanais chérissent, et nous appelons la Chine à s’orienter courageusement vers la démocratie. C’est la seule façon pour eux de vraiment comprendre les idées et les engagements du peuple de Taïwan », répond-elle, le 2 janvier 2019, à Xi Jinping qui, quelques heures plus tôt, n’a pas exclu de recourir à la force pour accomplir sa « mission ».

Les sympathisants de Tsai Ing-wen en campagne pour l’élection présidentielle, à Changhua (Taïwan), le 7 janvier 2020.
Les sympathisants de Tsai Ing-wen en campagne pour l’élection présidentielle, à Changhua (Taïwan), le 7 janvier 2020. ANN WANG / REUTERS

L’ordre du patriarche

Singulière au sein du monde chinois, Tsai Ing-wen l’est aussi à Taïwan. Non seulement parce qu’elle est la première femme à avoir atteint ce niveau de responsabilité, mais aussi parce que son grand-père paternel est issu de la minorité Hakka et sa grand-mère paternelle une aborigène Paiwan, deux ethnies dont la langue n’est ni le mandarin ni le taïwanais et qui, de ce fait, sont plutôt marginalisées. L’ascension politique de Tsai Ing-wen constitue donc une exception sur la scène politique. Surtout qu’elle n’a pas d’assise locale. Durant toutes les années – jusqu’en 2000 – où les nationalistes du Kouomintang (KMT) ont été au pouvoir à Taïwan, les leaders pro-indépendantistes du parti de Tsai Ing-wen, le DPP (Parti démocrate progressiste), ont souvent dû se contenter de militer sur le terrain, sans perspective nationale. Rien de tel pour Mme Tsai. Grâce à l’argent de son père, elle a pu partir pour New York mener, selon une de ses rares confidences, « une vie révolutionnaire » avant de traverser l’Atlantique pour intégrer la LSE, où elle passera un doctorat sur le commerce international, en 1984.

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