Avec l’irruption de la Turquie et de la Russie, Rome craint d’être marginalisé en Libye

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Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, lors de la visite du général libyen Khalifa Haftar (à gauche) en Italie, au palais Chigi, à Rome, le 8 janvier.
Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, lors de la visite du général libyen Khalifa Haftar (à gauche) en Italie, au palais Chigi, à Rome, le 8 janvier. HANDOUT / AFP

L’initiative était audacieuse et, en cas de succès, elle aurait pu apparaître comme un coup d’éclat de la diplomatie italienne. Las, les choses ont mal tourné, et le résultat obtenu est exactement l’inverse.

Le 8 janvier, à Rome, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, s’est entretenu durant plusieurs heures – et sans que l’entrevue ait été annoncée au préalable – avec le général Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen. De retour de Bruxelles et en route vers Tripoli, son adversaire, Faïez Sarraj, chef du gouvernement d’accord national reconnu par les Nations unies, devait s’arrêter dans la capitale italienne et y rencontrer le chef du gouvernement italien. Apprenant que celui-ci était en compagnie de son ennemi, Faïez Sarraj a décidé au dernier moment de ne pas s’arrêter. Les hommes des services secrets l’attendaient déjà sur le tarmac de l’aéroport romain de Ciampino lorsqu’ils ont appris l’annulation de l’escale…

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En réunissant par surprise les deux protagonistes du conflit libyen, Rome espérait apparaître comme le médiateur indispensable dans une zone que l’Italie considère, depuis toujours, comme relevant de sa sphère d’influence.

Passé le coup de colère, une autre visite de M. Sarraj a été programmée pour le 11 janvier, mais elle semble avant tout destinée à sauver les apparences. Cependant, elle ne réussira pas à masquer l’essentiel : face à l’irruption de la Russie et de la Turquie sur la scène libyenne, Rome semble avoir perdu la main, et court le risque d’être durablement marginalisé.

Forte implantation dans le pays

Ancienne puissance coloniale (1911-1945), l’Italie a conservé une forte implantation dans le pays, notamment à travers le groupe ENI, principal exploitant des ressources du pays en hydrocarbures, et des milliers d’Italiens, civils expatriés ou militaires, continuent de travailler dans le pays, malgré le risque sécuritaire. Aussi, le devenir de l’ancienne colonie reste-t-il constamment, par-delà les alternances politiques, l’une des constantes les plus solides de la diplomatie italienne. Reçu à Washington le 30 juillet 2018, Giuseppe Conte, alors à peine arrivé aux affaires, avait obtenu de Donald Trump la reconnaissance d’un « leadership » italien en Libye, et ces belles paroles avaient suffi à installer l’idée que la visite était un succès, même si les Etats-Unis se sont toujours bien gardés de s’engager véritablement dans le dossier libyen.

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« La Libye, c’est le dernier endroit où le pays mène une politique de puissance autonome, observe un analyste de la diplomatie transalpine. En 2011, quand Rome n’a pas pu empêcher l’intervention franco-britannique qui a provoqué la chute de Mouammar Kadhafi, le traumatisme a été terrible, comparable à celui qu’ont ressenti les Français et les Britanniques après l’échec de l’expédition de Suez, en 1956. » Un ancien responsable de la Farnesina (le ministère des affaires étrangères italien) confiait même, il y a quelques mois : « Le jour où on perdra la Libye, au ministère, on ne fera plus que des photocopies. »

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