Un militant kazakh sous pression pour avoir dénoncé les camps d’internement chinois

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Devenu le porte-parole des victimes de la politique de détention de masse dans l’Ouest chinois, Serikjan Bilash est désormais sous enquête dans son propre pays.

Par Brice Pedroletti Publié aujourd’hui à 12h22

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Serikjan Bilash, cofondateur de l’ONG AtaZhurt, à Almaty, en janvier.
Serikjan Bilash, cofondateur de l’ONG AtaZhurt, à Almaty, en janvier. RUSLAN PRYANIKOV / AFP

Dans le collimateur des autorités du Kazakhstan pour sa dénonciation bruyante des camps d’internement dans le Xinjiang chinois, le militant Serikjan Bilash a été arrêté dans la nuit de samedi 9 à dimanche 10 mars à Almaty, puis transféré à la capitale, Astana. Sa disparition a d’abord fait croire à un kidnapping orchestré par des agents chinois. « Il était à l’hôtel avec son épouse, la porte a été forcée et une quinzaine d’hommes l’ont emmené en pleine nuit », explique un correspondant en France de son ONG, AtaZhurt (mère patrie, en kazakh). Des policiers kazakhs ont saisi dimanche les ordinateurs de l’ONG et des dossiers.

Libéré sous contrôle judiciaire lundi en fin de journée, M. Bilash devra rester à Astana durant les deux mois de l’enquête, et cesser toute activité et déclaration publique. « L’enquête dont il fait l’objet tombe sous le coup de l’article 174, qui sanctionne l’incitation à la haine ou à la discorde dans les affaires internationales, raciales ou de religion. C’est une manière de l’accuser d’être un extrémiste », explique au Monde son avocate, Aiman Umarova. Il encourt jusqu’à sept ans de prison.

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M. Bilash était devenu depuis un peu plus d’un an le porte-parole de tous ceux qui, au Kazakhstan, réclamaient des nouvelles de proches ou de parents victimes du programme massif d’internement des minorités kazakhes et ouïgoures de l’autre côté de la frontière, dans la Région autonome ouïgoure du Xinjiang, à l’Extrême-Ouest chinois. Des milliers de Kazakhs de Chine se sont installés au cours des dernières décennies au Kazakhstan, dont seule une partie a été naturalisée.

L’impatience du régime Nazarbaïev

A Almaty, des dizaines de plaignants convergeaient chaque jour dans les locaux d’AtaZhurt, pour fournir à ses bénévoles tous les détails possibles sur leurs « disparus » – et pour certains, raconter leur propre expérience de détention. Lui-même originaire du Xinjiang, mais naturalisé kazakh il y a une vingtaine d’années, Serikijan Bilash, qui parle le kazakh, le chinois, l’anglais et le russe, a multiplié les interventions sur YouTube ou auprès des journalistes étrangers, au point de faire de son ONG une source d’information précieuse sur le programme chinois d’internement de masse au Xinjiang.

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Or, le dossier des détentions de masse au Xinjiang perturbe les relations sino-kazakhes. Les quelques ONG opérant au Kazakhstan font valoir les engagements pris par le pays pour garantir le regroupement familial entre des citoyens kazakhs et leurs proches. Mais plusieurs traités de sécurité et de coopération aux clauses souvent secrètes lient la Chine et le Kazakhstan, contraignant ce dernier à transférer tout citoyen chinois recherché par Pékin. Et si Astana est régulièrement intervenu auprès des autorités chinoises pour faire libérer en douce des Kazakhs ou leurs proches enfermés en Chine, le régime autoritaire de Noursoultan Nazarbaïev montre des signes croissants d’impatience envers le militantisme d’AtaZhurt. « La défense des droits de l’homme, ce n’est pas une priorité au Kazakhstan », reconnaît l’avocate, Me Umarova, qui fut lauréate en 2018 du prix international des femmes de courage pour son combat en faveur des droits de l’homme.

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