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ALLISON MICHAEL ORENSTEIN / CONTOUR / GETTY IMAGES
EnquêteLa philanthropie, une histoire américaine (3/5). Pour cet Afro-Américain de 59 ans, les milliardaires doivent s’attaquer aux causes profondes des inégalités sociales et non se donner bonne conscience en fin de course en distribuant une partie de leur argent.
C’était il y a cinq ans. Ce soir-là, Darren Walker assistait à l’un de ces galas caritatifs new-yorkais où se presse la haute société américaine : robes du soir, smokings, champagne et carnets de chèques pour faire de généreuses donations. Pendant les agapes, le patron de la Fondation philanthropique Ford, qui gère 12 milliards de dollars (10,8 milliards d’euros), reçoit de sa sœur un SMS accompagné de photos.
C’est l’enterrement de sa tante Bertha, en Louisiane. M. Walker voit sur l’une des images un homme noir en tenue de prisonnier : il s’agit de son cousin, qui a été exceptionnellement autorisé à sortir de prison, escorté d’un policier blanc, pour assister aux funérailles de sa mère. Darren Walker ressent un profond malaise : « Je me sentais désespéré par la manière indigne et cruelle dont mon cousin avait été conduit à ces obsèques. »
« Je suis capitaliste, mais le capitalisme doit changer, sinon il va abîmer notre démocratie » Darren Walker, président de la Fondation Ford
Aujourd’hui, cet Afro-Américain de 59 ans navigue dans les hautes sphères new-yorkaises, mais il est issu de l’Amérique pauvre et ségréguée. Il a vu le jour en Louisiane en 1959, à l’hôpital de charité de Lafayette, « parce que c’est là que les pauvres étaient soignés ». Père inconnu, trois sœurs, Darren Walker a eu la chance, dans son enfance, de bénéficier d’un programme public en faveur des Noirs lancé par le président de l’époque, Lyndon Johnson. Et de réussir formidablement après avoir étudié le droit à Austin (Texas). « Il y a toujours une certaine culpabilité qui vient avec le succès, une crainte de ne plus comprendre comment vivent les gens pauvres dont vous avez partagé la condition et de ne plus être proche d’eux », confesse-t-il.
Bien sûr, Darren Walker est en contact régulier avec sa mère et ses sœurs, mais il a changé de monde, comme en attestent son salaire annuel de 800 000 dollars et les locaux somptueux de la Fondation Ford, qui l’a embauché en 2013, avec leur immense jardin d’hiver, où il reçoit Le Monde, à deux pas des Nations unies. Darren Walker ne rejette pas son nouvel environnement ni sa rémunération. « Je suis capitaliste, prévient-il, mais le capitalisme doit changer, sinon il va abîmer notre démocratie. »
Pour un « nouvel Evangile »
Le capitalisme a déraillé à force d’être inégalitaire. Et lui, le Noir homosexuel venu du Sud profond, peut avoir le sentiment d’être un alibi, la belle histoire qu’on exhibe. « Parfois, on me dit : “Voyez, c’est possible, vous avez réussi.” Regardons les chiffres ! Je ne suis pas une exception, dans ma génération. La question est de savoir si c’est encore possible. Si vous voulez le rêve américain, déménagez au Canada ! »
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