Félicien Kabuga, le grand argentier des massacres

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Bloodied and dust-covered clothing from Rwandan victims hang from a wall at a genocide memorial inside the church at Ntarama just outside the capital Kigali, August 6, 2010. Some 5,000 people, mostly women and children, sought refuge near the church in April 1994, but were massacred by Hutu extremists who used grenades, clubs and machetes to kill their victims. Rwandan voters go to the polls on Monday for the second presidential election since the genocide 16 years ago. REUTERS/Finbarr O'Reilly (RWANDA - Tags: POLITICS ELECTIONS CONFLICT) - GM1E6861D0I01

FINBARR O’REILLY / REUTERS

Par David Servenay

Rwanda, l’argent du génocide (1/3). Vingt-cinq ans après les événements, « Le Monde » revient, dans une série d’articles, sur le financement de la guerre ethnique rwandaise, qui fit un million de morts en 1994. Premier volet : l’homme d’affaires Félicien Kabuga, le financier du régime du président Habyarimana.

L’avis de recherche de Félicien Kabuga diffusé par Interpol.
L’avis de recherche de Félicien Kabuga diffusé par Interpol. MCT / GETTY IMAGES

C’est l’un des fugitifs les plus recherchés de la planète. Dans la liste des fiches signalétiques diffusées par Interpol, sa « notice rouge » le présente comme étant né le 19 juillet 1935. Plutôt petit (1,67 m), cheveux courts, yeux marron, il parle français, allemand, anglais et, bien sûr, sa langue maternelle, le kinyarwanda. Ses crimes supposés, selon cette même fiche ? « Génocide, complicité, incitation et complot en vue de commettre un génocide, crime contre l’humanité ». Félicien Kabuga est le dernier « gros poisson » du génocide des Tutsi que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) n’a pas réussi à arrêter : voilà vingt-cinq ans qu’il échappe à la justice internationale et aux Américains, prêts à offrir 5 millions de dollars (4,4 millions d’euros) pour le moindre renseignement susceptible de conduire à sa capture.

Suivre sa trajectoire – du moins essayer – aide aujourd’hui à comprendre comment un groupe d’une cinquantaine d’extrémistes, installés au plus haut niveau de l’Etat rwandais, a préparé, financé et mis sur pied l’appareil génocidaire bien avant de passer à l’acte. A l’époque, au début des années 1990, M. Kabuga n’est pourtant qu’un homme d’affaires prospère. Dans ce pays considéré comme l’un des Etats les plus pauvres d’Afrique, c’est l’une des figures d’un régime où les Hutu dominent les Tutsi, discriminés sous le règne du président-général Juvénal Habyarimana.

Comme beaucoup d’hommes influents de l’entourage du dictateur, il vient d’un village posé sur les collines du nord du pays. Propriétaire de 350 hectares de plantations de thé, il exploite une minoterie qui produit de la farine de blé. Prudent, il a aussi investi dans des maisons cossues à Kigali, la capitale, et fait bâtir dans le quartier de Muhima le premier centre commercial du pays : un complexe comprenant un hôtel de 120 chambres, 80 bureaux et une galerie marchande. Lui-même s’est installé à Kigali, se faisant construire une énorme maison avec piscine en surplomb du quartier huppé de Remera. Il faut bien afficher son standing et loger ses onze enfants.

La « petite maison » des faucons

Vêtements ensanglantés des victimes du génocide, exposés en 2010 dans l’église de Ntarama, à Kigali, l’un des six mémoriaux du génocide au Rwanda.
Vêtements ensanglantés des victimes du génocide, exposés en 2010 dans l’église de Ntarama, à Kigali, l’un des six mémoriaux du génocide au Rwanda. FINBARR O’REILLY / REUTERS

Comme le dit un proverbe rwandais, « celui qui est protégé par le léopard puise tranquillement ». De fait, l’influence de Félicien Kabuga auprès des plus hautes autorités se mesure d’abord à l’aune de son réseau familial. Deux de ses filles sont mariées à deux fils du président Habyarimana, Léon et Jean-Pierre. Deux autres de ses gendres occupent des postes importants : l’un est Augustin Ngirabatware, ministre du plan de 1990 à 1994, l’autre est Fabien Singaye.

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