« La compréhension qu’avait Camus de la rébellion offre de précieuses perspectives sur la nature du Hirak »

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« Il se pourrait bien que Camus n’ait pas plus été un indécrottable romantique que ne le sont les hommes et les femmes qui participent au Hirak. » (Photo : manifestation à Alger, le 31 décembre.)
« Il se pourrait bien que Camus n’ait pas plus été un indécrottable romantique que ne le sont les hommes et les femmes qui participent au Hirak. » (Photo : manifestation à Alger, le 31 décembre.) RYAD KRAMDI / AFP

Tribune. Ce début d’année marque le soixantième anniversaire de la mort d’Albert Camus. L’accident de voiture qui lui coûta la vie le 4 janvier 1960 sembla aussi marquer la disparition d’une certaine idée de la politique, fondée sur l’impératif et les implications de la rébellion. Au cours de la décennie précédente, Camus ne s’était pas contenté de développer l’idée dans les œuvres qui forment ce que l’on appelle le « cycle de la rébellion » – La Peste, Les Justes et L’Homme révolté –, il l’a également défendue alors qu’un bain de sang submergeait son Algérie natale.

Et pourtant l’émergence et la résistance du Hirak, le mouvement de protestation actuel en Algérie, révèlent la résilience remarquable de cette même idée. En fait, la compréhension qu’avait Camus de la rébellion offre de précieuses perspectives à la fois sur la nature du Hirak et sur les défis auxquels il est confronté.

Un acte qui se définit par la mesure

En 1960, Camus en était arrivé à se sentir comme un étranger en Algérie. Ses efforts pour trouver un terrain d’entente entre les colonialistes français et les nationalistes algériens lui avaient attiré les sarcasmes et la méfiance des uns et des autres.

Les générations suivantes d’intellectuels algériens – ainsi que des critiques anglo-américains, comme Edward Saïd ou Conor Cruise O’Brien – considérèrent qu’au mieux le lauréat du prix Nobel [littérature, 1957] était un colonisateur plein de bonnes intentions dont les nobles sentiments ignoraient les réalités brutales de la colonisation française. A Alger, même des amis proches, comme Charles Poncet (1909-1995) déploraient que Camus soit victime d’« illusions romantiques » nourries par son refus d’accepter le verdict de l’histoire.

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Or il se pourrait bien que Camus n’ait pas plus été un indécrottable romantique que ne le sont les hommes et les femmes qui participent au Hirak. Ils adhèrent à la même notion paradoxale de la révolte – à savoir que c’est un acte qui se définit par la mesure. A la différence de la révolution, la révolte s’impose ses propres limites, elle requiert la vigilance constante de ceux qui la pratiquent.

Comme l’écrit Camus dans L’Homme révolté : « Plus la révolte a conscience de revendiquer une juste limite, plus elle est inflexible. Le révolté exige sans doute une certaine liberté pour lui-même ; mais en aucun cas, s’il est conséquent, le droit de détruire l’être et la liberté de l’autre… La liberté qu’il réclame, il la revendique pour tous ; celle qu’il refuse, il l’interdit à tous. »

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