à Batna, les tiraillements du Hirak algérien

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Le Monument des 50 ans de l’indépendance, à Batna, en 2008. C’est là que, chaque vendredi, les hirakistes terminent leur marche pour dénoncer le « système ».
Le Monument des 50 ans de l’indépendance, à Batna, en 2008. C’est là que, chaque vendredi, les hirakistes terminent leur marche pour dénoncer le « système ». Maccc / Creative Commons

Bénie soit la PlayStation. Rien ne vaut un match de foot virtuel entre « khos » (amis) dans l’un des innombrables cybercafés de Batna : 70 dinars (0,52 euro) la partie, soit deux thés et un sachet de cacahuètes, ce n’est pas très cher payé pour tacler l’ennui. Car dans cette ville de l’est de l’Algérie cernée de majestueuses montagnes, à 400 km d’Alger, l’ennui est un tourment qui rend fou.

En cette fin de journée glaciale, Yacine, 28 ans, s’est assis sur un banc à côté de quelques ados absorbés par leur jeu vidéo. Chaussures de bûcheron aux pieds, jean et pull moulants, cet enseignant en école primaire regarde les jeunes garçons en grattant sa barbe naissante : « La vie est très simple ici. A part les obligations familiales, il n’y a rien d’intéressant à faire. Rien. On vit dans la cinquième plus grande ville du pays [plus de 350 000 habitants] et il n’y a pas de cinéma, pas un endroit public pour se divertir. On l’appelle la ville des retraités. »

A côté de lui, son copain au visage rond, Youcef, 31 ans, militant et ingénieur en génie civil, rigole : « Allez faire un tour dehors ! Quand je fais visiter Batna, j’ai honte, la ville n’est pas très belle. On n’a pas de centre-ville mais un centre-vide ! »

Embouteillages et révolution

Sous ce ciel gris, Batna a l’air si triste. Une mélancolie semble étreindre la mythique capitale des Aurès. Cette cité conservatrice, plate et sans charme, peuplée en majorité par les Chaoui, les Berbères de la région, a quelque chose d’insaisissable : elle apparaît hors du temps, comme si elle refusait tout saut vers la modernité. La ville, couleur brique, étouffe sous les embouteillages et les références à la lutte armée contre la France, visibles sur les murs. Et pour cause : l’un des pères de la libération, Mostefa Ben Boulaïd, est originaire d’une ville voisine.

Si la guerre d’Algérie est un souvenir prégnant, une autre révolution préoccupe désormais tous les esprits : celle du Hirak, le mouvement populaire qui secoue le pays depuis le 22 février. C’est sur l’immense esplanade du Monument des 50 ans de l’indépendance que, chaque vendredi, les hirakistes terminent leur marche pour dénoncer le « système ». Une foule immense avait pris l’habitude de traverser la ville « pour faire partir le royaume de Bouteflika », comme le raconte Redah, 49 ans, un des piliers de la contestation locale. Le président, qui souhaitait briguer un cinquième mandat, a finalement été contraint à la démission, le 2 avril, sous la pression de l’armée.

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