un coup de semonce politique

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Incendie à proximité du lac Conjola, en Australie, jeudi 2 janvier 2020.
Incendie à proximité du lac Conjola, en Australie, jeudi 2 janvier 2020. Robert Oerlemans / AP

Editorial du « Monde ». L’Australie est en feu. Depuis quatre mois, des incendies de forêt ravagent le sud-est de l’île-continent, poussant des dizaines de milliers de gens à fuir les zones des brasiers. Au moins 20 personnes ont déjà été tuées, un millier d’habitations sont parties en fumée, la faune est dévastée, l’armée a été mobilisée pour aider aux évacuations. Ces incendies d’été n’ont rien d’exceptionnel en Australie, mais leur violence, cette année, est inhabituelle ; ils ont commencé plus tôt, dès la fin août, et leur progression est favorisée par la sécheresse, des vents forts et des températures particulièrement élevées.

Pour une bonne partie des Australiens, l’aggravation de ce phénomène s’explique par le dérèglement climatique, dont ils voient aussi les effets, en ce moment, dans l’archipel voisin d’Indonésie, frappé par des inondations catastrophiques. Leur exaspération est si grande que le désastre naturel est en passe de tourner au désastre politique pour le premier ministre conservateur, Scott Morrison, dont la sensibilité écologique reste à prouver.

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Le chef du gouvernement australien a eu la très mauvaise idée de disparaître quelques jours avant Noël, alors que les incendies faisaient rage. Lorsque les électeurs ont appris qu’il était parti discrètement en vacances à Hawaï, la nouvelle a provoqué un véritable tollé, devenant le symbole de la mauvaise gestion de la crise par le gouvernement. M. Morrison est rentré mais apparaît depuis constamment sur la défensive et ne parvient visiblement pas à reprendre le contrôle des événements.

Une contradiction majeure

Depuis le début des incendies, ce chrétien évangélique est confronté à une contradiction majeure : gérer une crise causée, en partie, par le réchauffement climatique, tout en évitant cette question qui divise profondément la coalition conservatrice au pouvoir. Le sujet est tellement sensible politiquement qu’il a provoqué, en 2018, la chute de son prédécesseur, le progressiste Malcolm Turnbull, qui voulait inscrire dans la législation un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Depuis, aucune nouvelle politique n’a été proposée pour atteindre l’engagement, pris à la COP21, de réduire ces émissions.

Scott Morrison a fini par reconnaître, le 12 décembre 2019, que « le changement climatique contribue à ce qui se passe aujourd’hui ». Mais il persiste à nier que l’Australie, l’un des pires pollueurs au monde per capita, porte une quelconque responsabilité dans la crise actuelle. Pour lui, il serait « irresponsable » de tourner le dos à l’industrie du charbon, dont son pays est le premier exportateur mondial. Et après tout, a-t-il déclaré lors de ses vœux de Nouvel An, les générations passées ont « également fait face à des catastrophes naturelles, des inondations, des incendies, des conflits mondiaux, des maladies et des sécheresses » – et les ont surmontées.

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Les générations actuelles, cependant, ne semblent pas partager son stoïcisme. Excédés par l’immobilisme du gouvernement, 60 % des Australiens, selon un sondage publié fin novembre par le Guardian, souhaitent des actes pour lutter contre le réchauffement climatique. L’opposition travailliste en avait fait un thème majeur de sa campagne électorale de mai 2019, promettant une transition énergétique, tout en continuant à soutenir l’industrie minière. Peut-être ces incendies dramatiques fourniront-ils, finalement, l’argument ultime pour convaincre les responsables politiques australiens de la nécessité de changer de modèle.

Le Monde

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