Quand l’Iran découvre Vaclav Havel

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Dans une librairie de Téhéran, en 2007.
Dans une librairie de Téhéran, en 2007. BEHROUZ MEHRI / AFP

La vie des idées. Que lire – ou relire – à Téhéran alors que la répression se déchaîne ? A la mi-novembre, alors que l’Iran était secoué par une vague de manifestations, réprimée dans le sang (au moins 304 morts), le Web perse s’enflammait pour des textes qui permettent de tenir et de résister : recueils de poésie iranienne, contemporaine ou ancienne, comme Le Livre des rois, romans, récits journalistiques ou essais. Les auteurs les plus cités sont majoritairement originaires d’Amérique latine et de l’ex-bloc soviétique. Deux noms sortent du lot : le dramaturge tchèque et ex-président Vaclav Havel, ainsi que l’écrivain chilien Ariel Dorfman.

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« Je me suis précipité pour lire Le Pouvoir des sans-pouvoir, de Vaclav Havel (dont plusieurs traductions existent en persan), explique Amir Hossein, 30 ans, instituteur dans une petite ville du centre de l’Iran. Je voudrais comprendre les actes que d’autres, vivant dans les sociétés d’oppression, comme nous, ont entrepris pour changer leur situation. Havel explique que le mensonge constitue la colonne vertébrale des systèmes totalitaires et que la plus grande menace pour ces derniers est de “vivre dans la vérité”, c’est-à-dire réagir à l’aune de sa propre intégrité. »

Comme beaucoup d’autres Iraniens éduqués vivant dans le pays, Amir Hossein a été, jusqu’à présent, contre le « renversement » de la République islamique d’Iran, croyant plutôt aux réformes graduelles. Il a donc toujours voté pour les candidats réformateurs et modérés, notamment pour le président Hassan Rohani. Or, depuis la répression de novembre, que le président iranien a également cautionnée, Amir Hossein, en lisant le livre de Vaclav Havel, pense qu’il faut « sortir de ce choix binaire entre renversement ou réformes. Il faut commencer ailleurs ».

« Vivre dans la vérité »

Il réfléchit donc à des moyens de montrer pacifiquement son opposition aux principes de la République islamique, dont l’obligation pour les Iraniennes de se couvrir la tête. « Je pense au militant iranien Farhad Meysami, aujourd’hui emprisonné. S’étant inspiré du Pouvoir des sans-pouvoir, il avait fait fabriquer une épinglette avec le slogan “Je suis contre le hidjab”. Son geste a été très simple et non violent », explique Amir Hossein. Il a donc suggéré ce livre à ses amis pour qu’ils le lisent ensemble et qu’ils essaient de trouver une idée, un geste, pour « vivre dans la vérité ».

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Autre titre, mentionné par un nombre important d’Iraniens : Exorciser la terreur. L’incroyable et interminable procès du général Augusto Pinochet, d’Ariel Dorfman, traduit en persan en 2018. Dans ce livre, Dorfman raconte la fin de l’impunité de celui qui a renversé par un coup d’Etat le président Salvador Allende en 1973.

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