Emmanuel Macron face au défi russe

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Analyse. « Srebrenica ». Une référence a suffi pour mesurer l’état d’esprit de Vladimir Poutine. De retour à Moscou au lendemain du sommet tenu à l’Elysée le 9 décembre avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président russe a estimé que le retour de la frontière sous le contrôle de Kiev conduirait à un massacre. Srebrenica est la ville de Bosnie-Herzégovine où les Serbes exécutèrent 8 000 hommes et adolescents, en 1995. Autant dire que le Kremlin n’ira pas au compromis.

Initiateur du conflit par son opération spéciale dans le Donbass puis son soutien aux séparatistes, Moscou réclame un statut hors norme pour la région. A défaut, il se contenterait d’un conflit gelé et de négociations sans fin. Paris préfère retenir la dynamique positive déclenchée par l’élection de Volodymyr Zelensky. Il est le vecteur et l’acteur secondaire d’une pièce plus grande que lui, écrite par Emmanuel Macron, qui consiste à réviser la relation stratégique avec la Russie. Celle-ci n’aurait d’autre alternative, à terme, qu’un partenariat, tandis que le géant chinois se déploie. Un pari fait tant de fois, en vain, depuis vingt ans.

Intenter un procès en naïveté à M. Macron n’a pas de sens. Il s’agit pour lui d’affirmer la capacité d’entraînement de la France, dans un monde privé du leadership américain. En outre, M. Macron a été victime d’une cyber agression pendant la campagne présidentielle, dont l’origine remonte en Russie. Il faut une maîtrise émotionnelle forte pour surmonter cet acte hostile.

Il ne compte pas transformer le loup russe en brebis

M. Macron agit par calcul et non par idéal ou une quelconque passion pro-russe, sertie d’histoire et déconnectée de la réalité, qui égare tant de responsables politiques français. Ces derniers jouent la rengaine d’une Russie prétendument humiliée par l’Occident, et cernée par l’OTAN, ce qui mérite davantage débat. Ils oublient de mentionner les assassinats ciblés en Europe, portant une signature russe ; l’annexion de la Crimée, coup majeur porté au droit international ; la guerre dans le Donbass. Sans parler de la campagne de bombardements indiscriminés en Syrie, en soutien au régime Assad.

Tout cela, Emmanuel Macron le sait. Il ne compte pas transformer le loup russe en brebis, mais rêve à terme de diminuer ses nuisances. Plutôt que l’histoire, le chef de l’Etat convoque la géographie, cette proximité qui justifie la recherche d’une « nouvelle architecture de confiance et de sécurité ». Il faudrait mieux comprendre la Russie et ses intérêts, elle qui souffre de « fièvre obsidionale » et dont le modèle « n’est pas soutenable », selon le président. Cette approche se veut rationnelle. Elle postule à tort que les autres dirigeants aussi privilégient une logique transactionnelle et la séduction personnelle en politique étrangère. Cette approche se veut aussi disruptive ; elle ne l’est pas. Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama ont tous tenté ce dialogue avec la Russie, avant qu’une crise majeure (Kosovo, Irak, Géorgie, Crimée) ne compromette leurs efforts.

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