L’Iran doit libérer les chercheurs étrangers détenus

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Editorial du « Monde ». Depuis le 5 juin, deux intellectuels français sont injustement emprisonnés en Iran pour des raisons qui leur échappent. Fariba Adelkhah, anthropologue franco-iranienne, spécialiste du chiisme, est chercheuse au Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI), à Paris, depuis 1993. Roland Marchal, sociologue, spécialiste réputé de la Corne de l’Afrique, est chargé de recherches CNRS, également au CERI. Ils sont détenus séparément à la prison d’Evin, à Téhéran, où Fariba Adelkhah observe une grève de la faim depuis le 24 décembre, de même que l’une de ses codétenues, Kylie Moore-Gilbert, ressortissante australienne et chercheuse à l’université de Melbourne.

Les deux chercheuses ont réussi à faire passer à l’extérieur une lettre dans laquelle elles ont annoncé effectuer cette grève « au nom de la liberté académique » la veille de Noël ; elles déclarent avoir été victimes de « tortures psychologiques » et de « nombreuses violations de [leurs] droits humains ». Selon Jean-François Bayart, ancien directeur du CERI-Sciences Po et membre du comité de soutien de ses deux collègues français, Kylie Moore-Gilbert a été vue par une autre détenue le 26 décembre dans une unité de soins où elle a été placée, mais on est sans nouvelles de la Française.

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Kylie Moore-Gilbert a été arrêtée en septembre 2018 puis condamnée à dix ans de prison pour espionnage. Elle est détenue au secret depuis son arrestation. Une autre détenue étrangère, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, anglo-iranienne, a fait savoir qu’elle entamerait elle aussi une grève de la faim le 31 décembre ; cette jeune femme, qui travaillait pour la Fondation Reuters Thomson à Londres, est emprisonnée depuis 2016 pour avoir « comploté pour renverser le gouvernement iranien ».

Roland Marchal, lui, est accusé d’avoir « comploté contre la sécurité nationale ». Auteur de nombreux travaux sur l’Afrique et les guerres civiles, il venait rejoindre Fariba Adelkhah pour les vacances de l’Aïd. Il a été arrêté à son arrivée à l’aéroport. Le cas de Mme Adelkhah, accusée d’espionnage, est encore plus complexe, car les autorités de Téhéran, qui ne reconnaissent pas la double nationalité, lui refusent toute assistance consulaire.

Inventés de toutes pièces

Ces chefs d’accusation sont évidemment fantaisistes et inventés de toutes pièces. Tous ces intellectuels occidentaux – au nombre d’une quinzaine – ont été arrêtés par les gardiens de la révolution, la faction la plus dure du régime iranien, sur laquelle les interlocuteurs officiels des gouvernements occidentaux sont réputés avoir peu d’influence. Leur détention relève d’un procédé systématique destiné à exercer des pressions, soit dans le cadre des manœuvres diplomatiques visant à sauver l’accord sur le nucléaire iranien, soit en vue d’échanges avec des Iraniens détenus à l’étranger. Quelle que soit la vraie raison, elle est inadmissible.

Les autorités françaises sont activement mobilisées pour tenter de mettre fin à la détention de Mme Adelkhah et de M. Marchal, que le président Emmanuel Macron a qualifié à juste titre d’« intolérable ». Téhéran répond en accusant la France d’« ingérence ». Il faut organiser un front commun des gouvernements dont les ressortissants sont ainsi méthodiquement détenus par l’Iran. Personne, ni à Paris, ni à Londres, ni à Canberra, ni même à Téhéran, n’est dupe de ces fausses accusations. La République islamique d’Iran doit mettre fin à cette pratique de prise d’otages qui la déshonore et impérativement libérer ces intellectuels.

Lire aussi la tribune : « Les chercheurs français détenus en Iran sont voués à une incarcération sans fin »

Le Monde

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