« Comment adopter une technologie civile dans un contexte militaire ? »

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« Les militaires ne sont capables de vraie innovation qu’en cas de guerre. Chez eux, ce n’est jamais tant un problème d’innovation que d’adoption de l’innovation » (Photo: drone Reaper avec bombes laser téléguidées GBU-12, au Niger, 2019).
« Les militaires ne sont capables de vraie innovation qu’en cas de guerre. Chez eux, ce n’est jamais tant un problème d’innovation que d’adoption de l’innovation » (Photo: drone Reaper avec bombes laser téléguidées GBU-12, au Niger, 2019). Malaury Buis / AP

Tribune. Une grande partie des technologies dont nous bénéficions puise son origine dans des recherches militaires : mobile, GPS, Internet, nucléaire. Mais avec l’intelligence artificielle (IA), c’est l’inverse, de l’aveu même du DoD (Department of Defense) américain. Il doit, pour la première fois, acheter, comme tout le monde, sa technologie militaire « high-tech » auprès de sociétés commerciales qui ne souhaitent pas spécialement la lui vendre.

Un rapport du Congrès américain (« Artificial Intelligence and National Security », Congressional Research Service, November 21, 2019) donne l’ampleur du dilemme : comment adopter une technologie civile dans un contexte militaire ? Parfois, c’est évident, comme la maintenance prédictive par IA et big data dans l’aviation civile, applicable aux avions militaires. En revanche, la technologie civile des véhicules autonomes, développée pour des routes balisées, avec des données GPS fiables, des cartes précises, ne vaut plus rien pour des opérations sur un champ de bataille, avec un brouillage généralisé.

Les performances, la fiabilité et la sécurité de l’IA dans le civil ne sont pas celles qu’on exigera sur le terrain militaire. Des vies sont en jeu. L’environnement changeant des opérations rend les algorithmes d’IA moins fiables, si leurs données d’entraînement n’en ont pas tenu compte.

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Comme acheteur, le ministère de la défense des Etats-Unis n’a pas bonne réputation, lit-on dans ce rapport : douze sociétés commerciales ont décidé de ne jamais faire d’affaires avec le DoD en pointant la complexité des procédures d’achat, l’instabilité des budgets alloués, les conditions contractuelles qu’impose le gouvernement américain qui veut souvent bénéficier sans restriction de la propriété intellectuelle. Or la propriété intellectuelle est vitale pour la profitabilité d’une société high-tech.

La Chine et la Russie n’attendent pas

L’expertise interne en AI fait défaut au DoD : les salaires et le financement de la recherche y sont inférieurs. Autre chose : les travailleurs du high-tech se sentent investis de la mission de changer le monde et ils le feront bien mieux, jugent-ils, en dehors des sphères gouvernementales.

Il y a aussi des facteurs culturels anti-AI : veut-on vraiment, au DoD, tout miser sur un champ de bataille virtuel, alors que toute la tradition militaire repose sur le « dur », le hardware et sur les missions sur le terrain ? Dans d’autres pays, attachés culturellement à la notion de bravoure et de courage, ce ne sera pas facile pour l’IA de se faire une place dans l’armée. Cela dit, avec cette démocratisation commerciale de l’IA, conserver un avantage militaire décisif fait long feu. De peur de le perdre, un Etat pourrait décider de l’utiliser tout de suite sans attendre, à l’opposé du principe même de dissuasion (quand la possession d’une arme rend son utilisation non nécessaire).

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