Santé – Psychologie : Que se passe-t-il dans le la tête des tueurs en série ?

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Ces monstres à première vue totalement irrationnels et psychotiques présentent des caractéristiques communes bien établies, et sont souvent poussés à l’acte par une série de facteurs de risque que la science nous permet aujourd’hui de comprendre. Voici donc une plongée dans l’univers mental terrifiant des tueurs en série.

Michel Fourniret, Guy George, et plus récemment Nordahl Lelandais ou le Golden State killer : les affaires judiciaires autour de ces redoutables tueurs en série ont fait couler énormément d’encre et suscité de vives réactions, que ce soit dans les médias ou dans les dîners de famille. Mais une fois passé le temps de l’émotion, il convient de s’interroger sur les causes qui conditionnent ces individus à commettre des crimes aussi atroces à travers le monde. En effet, ce phénomène est loin d’être cantonné à la France, et peu le savent, mais au-delà des cas retentissants en Europe et en Amérique du nord, les tueurs en séries sont aujourd’hui très nombreux dans d’autres régions comme l’Amérique du sud ou l’Afrique.

Face à ce qu’on peut donc considérer comme un type de comportement commun à toutes les cultures, la science permet aujourd’hui d’identifier des facteurs de risque universels. Ainsi, d’après le neurologue américain James Fallon, spécialiste de l’étude du cerveau des meurtriers en série, qui s’est lui-même diagnostiqué comme psychopathe non-violent, c’est la conjonction de trois critères qui produit les tueurs en série : la génétique, les lésions cérébrales, et l’exposition à la maltraitance en bas âge. Nous tâcherons donc d’analyser ces trois facteurs et de comprendre comment ils conditionnent un individu à passer à l’acte.

1ER FACTEUR : LE GÈNE DU GUERRIER

Plusieurs études scientifiques ont permis de mettre en évidence l’existence d’un gène dont la présence chez un individu est positivement corrélé à un haut niveau de sociopathie et de psychopathie à l’âge adulte. Nommé MAOA, il se trouve exclusivement sur le chromosome X, ce qui explique sa plus haute incidence chez les hommes. En effet, une femme reçoit deux chromosomes X, l’un de son père l’autre de sa mère, de sorte que si l’un des deux lui transmet le gène MAOA, il a plus de chances d’être dilué et de ne pas s’exprimer. En revanche, l’homme n’hérite que d’un seul chromosome X, celui de sa mère. Si elle est porteuse de ce gène, il a donc toutes les chances de l’acquérir lui aussi.

Quelles sont les caractéristiques de ce gène ? Lors du développement du foetus, la présence de celui-ci va entraîner une forte concentration de sérotonine dans son organisme. Le cerveau de l’enfant à naître est donc constamment baigné dans ce neurotransmetteur lié aux sensations de calme et de plaisir, ce qui a pour conséquence de le rendre beaucoup moins sensible à lui.  Les individus possédant cette caractéristique présenteront donc une capacité réduite à éprouver des émotions et un cerveau “rationnel” beaucoup plus présent que la moyenne. Ils auront ainsi tendance à rechercher des situations plus extrêmes pour se sentir exister, que ce soit les sports les plus dangereux, le combat ou parfois même le viol et le meurtre. C’est la raison pour laquelle ce gène est parfois appelé le “gène du guerrier”.

L’écrasante majorité des tueurs en série possèdent cette caractéristique génétique innée, mais elle ne suffit pas à créer un meurtrier. En effet, le neurologue James Fallon s’est fait connaître à travers une expérience pendant laquelle il devait étudier à l’aveugle plusieurs scanners de cerveaux appartenant à la fois à des tueurs psychopathes et à des individus normaux. Il a alors pu en tirer des caractéristiques clés que l’on retrouve chez les serial killers, avant de se rendre compte que son propre cerveau possédait les mêmes critères. Le neurologue possède donc la morphologie cérébrale d’un psychopathe, et s’est rendu compte après une recherche généalogique que de nombreux membres de sa famille s’étaient illustrés dans de sordides affaires de meurtres par le passé. Mais il manquait deux autres facteurs clés à James Fallon pour augmenter ses chances de devenir un meurtrier.

2ÈME FACTEUR : DES LÉSIONS CÉRÉBRALES À PLUSIEURS NIVEAUX

Le deuxième facteur de risque présent chez les meurtriers psychopathes est lié à une altération du cortex orbital. Cette aire du cerveau est en effet le siège de la conscience éthique et morale, ainsi que le centre d’inhibition des comportements impulsifs. Or, la quasi-totalité des tueurs en série présentent des lésions importantes dans celle-ci. Plusieurs études menées sur des scanners de cerveaux appartenant à psychopathes montrent ainsi des différences notables en termes d’activité neurologique au sein du cortex orbital, situé derrière les yeux.

Cette deuxième caractéristique permet d’expliquer l’absence récurrente de tout remord chez la plupart des serials killers, ainsi que leur grande impulsivité, qui les pousse à entraver tous les codes moraux à travers le mensonge, la manipulation, ou les crimes violents. Ainsi, pour Stéphane Bourgoin, spécialiste reconnu en la matière ayant interrogé ces centaines de tueurs à travers le monde, le manque de regrets est même une caractéristique fondamentale de ces individus. Ces derniers ont en effet chosifié leur victime au point de leur ôter toute humanité, de sorte que plusieurs années après les crimes, ils continuent d’en parler avec une froideur chirurgicale.

Ainsi, dans une interview terrifiante donnée à une chaîne de télévision américaine avant son exécution, le tueur en série américain Tommy Lynn Sells, qui revendique lui-même près de 70 meurtres très brutaux, exprime parfaitement cette absence caractéristique de remords :

Je suis la haine incarnée. Quand vous me regardez, vous voyez la haine. Quand vous me regardez, vous comprenez ce qu’est la haine. Il y a deux mots que je n’aime pas utiliser : amour et pardon, parce que je ne suis que haine. (…) Je n’ai plus aucun sentiment, plus d’émotions.

Et l’étude du cerveau de ce tueur en série a également pu montrer qu’outre les liaisons au niveau du cortex préfrontal, l’amygdale est également touchée. En effet, celle-ci est impliquée dans la gestion des émotions négatives, comme l’angoisse, la peur ou le dégoût, qui sont particulièrement absentes chez les meurtriers psychopathes. Mais de l’aveu même de Tommy Lynn Sells, ces caractéristiques effrayantes sont directement liées aux agressions sexuelles dont il fut victime alors qu’il était enfant.

3ÈME FACTEUR : LA MALTRAITANCE INFANTILE

Il s’agit sûrement du facteur le plus important car il déclenche souvent les pulsions meurtrières chez des individus à risque. Ainsi, le psycho-comportementaliste Hickey D. T. affirme que l’écrasante majorité des tueurs en série ont subi des abus, maltraitance ou négligence durant la petite enfance, que ce soit dans un cadre familial ou à l’école. Stéphane Bourgoin avance même le chiffre de 95% des meurtriers ayant subi une grande violence dans les premières années de leur vie. Des expériences ultérieures ont également pu prouver qu’il s’agissait du premier facteur dans le développement des troubles antisociaux à l’âge adulte.

Ainsi, un serial killer comme Ed Kemper a vécu toute son enfance sous l’influence néfaste de sa mère, qui le frappait régulièrement, le manipulait psychologiquement et l’envoya même un jour vivre à la cave, où il dormit à même le sol pendant plusieurs mois. Il sera ensuite expulsé de la maison et contraint de vivre chez ses grands-aprents, qui le maltraiteront à nouveau, au point que celui-ci finira par s’armer d’un fusil et les tuer de sang froid. Kemper cherchera toute sa vie à se venger des femmes, qu’il associe à sa mère. Ce tueur particulièrement froid et sadique, doté d’un QI supérieur à 140, s’est rendu célèbre pour sa taille impressionnante (2 mètre 06 pour 136 kilogrammes) et ses interviews éloquentes.

Le fantasme de vengeance, lié à des traumatismes profond pendant l’enfance, est donc très souvent le principal mobile qui pousse les tueurs en série à passer à l’acte. C’est l’identification de ce facteur qui a d’ailleurs permis une meilleure compréhension de leur fonctionnement, notamment grâce au profiling, une méthode mise en place par le FBI à la fin des années 1970. Puis, des films comme Le Silence des Agneaux ou encore Seven ont éclairé le public sur le fonctionnement interne de ces monstres, dont les actes sont parfois si atroces qu’ils peuvent paraître incompréhensibles.

On estime que 2% de la population est dotée de caractéristiques psychopathies, à l’image de James Fallon. Mais la plupart d’entre eux ne deviennent jamais des tueurs en série. On en retrouve même certains à de hauts postes de responsabilité dans le monde politique et celui des affaires. Mais lorsque ces derniers sont exposés à d’autres facteurs de risque, tous les ingrédients sont réunis pour créer un cocktail explosif.

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