En Ukraine, avec les enfants « sans rêve »

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Des élèves dans une école du village de Rodina (Zolotoe 4) situé à 500 métres de la ligne de front du côté ukrainien. L’école accueille une dizaine d’enfants. Ukraine. Donbass.//////////Mention à intégrer dans le coyright: Avec le soutien du Centre National des Arts Plastiques (fonds d'aide à la photographie documentaire contemporaine)

GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR LE MONDE

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Publié aujourd’hui à 00h44

La mère parle de la guerre à son fils. De ses cauchemars d’enfant. De cette paix qui ressemble à une utopie. Mais jamais Ioulia Lovena n’essaie d’expliquer pourquoi la maison où ils vivaient tous deux a été bombardée. « Personne, ni lui ni moi, ne sait pourquoi on se bat. Alors… », tranche-t-elle sans se départir d’un ton sans chagrin ni colère. La jeune femme aux yeux couleur de glace bleutée poursuit son récit sans retirer son bonnet d’où s’échappe une mèche blonde. Nous voici projetés cinq ans en arrière à Pervomaïsk, ville industrielle de l’Est de l’Ukraine.

En 2014, Ioulia habite avec son enfant et ses parents. Agée de 26 ans, elle est employée à l’usine et mène une vie humble, sans passion ni drame. Le père du petit, dont elle a divorcé, est parti depuis longtemps. « Il n’était pas mûr pour avoir un enfant », pense-t-elle. Dans le haut de la rue Lermontov, sa maison fait face à une école abandonnée, devenue le fief des séparatistes et de leurs parrains russes. Ces rebelles, menaçants, ripostent à la prise de pouvoir, à Kiev, des proeuropéens galvanisés par la « révolution de Maïdan », du nom de cette place de la capitale où tout a commencé.

Barrage de l’armée ukrainienne sur une route à la sortie du village de Rodina, le 19 novembre.
Barrage de l’armée ukrainienne sur une route à la sortie du village de Rodina, le 19 novembre. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »

Cette révolte, ni Ioulia ni ses amis n’y comprennent grand-chose. Mais c’est peu de temps après Maïdan et l’annexion de la Crimée par la Russie que la jeune femme croise chaque jour avec Anton, 5 ans, des hommes en treillis, kalashnikov en bandoulière. Elle a peur, son fils aussi. Cette ville, où elle a toujours vécu en tant qu’Ukrainienne, appartient depuis quelques mois à la « République populaire de Lougansk », un Etat de pacotille à ce stade. Un champ de bataille, surtout, où les séparatistes s’opposent à l’armée ukrainienne au milieu de civils apeurés. Selon l’Organisation des nations unies, le conflit a fait plus de 13 000 morts en cinq ans, dont quelque 3 300 civils dans l’ensemble du pays.

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« Maman, je ne veux pas mourir »

Nous sommes en décembre de cette maudite année 2014. C’est la nuit. Ioulia ne dort pas. Les obus tombent si près ! La terre tremble. « Je voyais la lumière à travers les rideaux en plastique », dit-elle. Soudain, un éclat d’obus transperce le toit. Elle prend Anton dans ses bras et se plaque contre le mur. Le garçon la serre si fort qu’elle manque d’étouffer, puis il murmure : « Maman, je ne veux pas mourir, je veux vivre. » « Dit-on des choses comme ça à 5 ans ? », demande-t-elle aujourd’hui. Après cette nuit, Ioulia est partie vivre dans l’appartement d’une amie avant de fuir, en bus, avec une petite valise dans chaque main et le chien en peluche d’Anton sous le bras, en direction de la cité minière de Hirske, plus à l’ouest, en territoire ukrainien.

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